Anne-Sophie Stamane
SantéLe coût des soins opaque
Les Français estiment être bien informés sur les soins, mais pas sur leurs coûts : c'est l'enseignement du troisième baromètre « droits des malades » du collectif interassociatif sur la santé. Qui souligne aussi que face à un refus de crédit, le dispositif AERAS n'est pas suffisant.
Il y a du mieux. Le baromètre sur les droits des malades réalisé depuis 3 ans par le Collectif interassociatif sur la santé (CISS) et l'institut LH2 auprès d'un millier de personnes montre, cette fois, que les usagers se sentent un peu mieux armés face au système de soins. Information sur l'état de santé et sur les soins à recevoir, information sur la qualité des soins : entre 80 et 90 % des personnes interrogées se disent satisfaites. Ces chiffres prouvent qu'au moins, la confiance règne entre les patients et leur médecin et, plus généralement, les professionnels de santé.
Mais sur d'autres points, la marge de progrès est énorme. Ainsi, concernant le coût des soins, plus de 40 % des usagers se disent encore mal informés. Et ce malgré des progrès dans la réglementation sur l'affichage des tarifs dans les salles d'attente, et sur la délivrance d'une information écrite quand des dépassements d'honoraires sont appliqués. La loi est-elle mal appliquée ? Il est vrai qu'une enquête de la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) avait montré, il y a quelques années, des manquements de la part des professionnels de santé. Mais l'explication est aussi à chercher dans la multiplicité des tarifs applicables et des taux de remboursement : la prise en charge par l'Assurance maladie est devenue, avec le temps et les réformes, difficilement compréhensible du grand public. Par extension, celle des complémentaires n'est pas plus limpide.
Autre obstacle que rencontrent les patients : la mauvaise volonté des banquiers quand il s'agit d'accorder un crédit à quelqu'un qui a eu un problème de santé. Quinze pour cent des personnes, ou leur entourage, y ont été confrontées. Et dans une telle situation, le dispositif AERAS, censé débloquer les situations de refus de crédit, n'a pas été d'une grande aide. Et pour cause : plus de la moitié des personnes qui ont connu un tel épisode ne savent même pas qu'il existe. C'est dire s'il est urgent de le revoir de A à Z. Mais les pouvoirs publics ne semblent pas prêts à remettre sérieusement la question sur la table.