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Santé des enfantsLes jouets lumineux menacent leurs yeux

Riches en lumière bleue, les LED présentes dans les jouets lumineux sont néfastes notamment pour la rétine. Modifiée voilà 4 ans sur des bases erronées, la norme censée les protéger ne joue plus son rôle.

Peluches, tablettes « éducatives », figurines, toupies ou jeux interactifs : de nombreux jouets sont aujourd’hui agrémentés de sources lumineuses. Les lampes utilisées, des LED, sont riches en lumière bleue qui n’est pas sans conséquences sur la santé des enfants. Primo, elles sont néfastes pour la rétine. Si leurs effets exacts sont encore mal cernés, l’usage répété de jouets dont l’intensité lumineuse est importante (bien supérieure à celle des écrans) pourrait compromettre la santé oculaire à l’âge adulte. Secundo, un excès de lumière bleue le soir interfère avec le rythme chronobiologique et peut augmenter le temps d’endormissement.

Or l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) vient de tirer la sonnette d’alarme : la norme sur la sécurité des jouets électriques, qui datait de 2005, a connu en 2020 une mise à jour qui ne garantit plus la sécurité oculaire des enfants. Cette modification répondait à un objectif essentiel : faciliter la vie des fabricants. « Auparavant, ils devaient procéder à des mesures en laboratoire pour s’assurer que leurs jouets étaient conformes. Désormais, un simple calcul basé sur les spécifications techniques affichées par leurs fournisseurs de LED suffit », explique Olivier Merckel, chef de l’unité d’évaluation des risques liés aux agents physiques à l’Anses. Le problème, c’est que la publication scientifique qui a servi de repère pour établir cette nouvelle version de la norme est truffée d’erreurs ! « Nous avons été les premiers surpris », confie l’expert. « Erreur de raisonnement », « valeur incorrectement prise en compte », « erreur de calcul d’un facteur 10 » : l’Agence n’est pas tendre avec le texte qui, c’est inquiétant, a servi de seule référence ! Outre ces bévues de débutant, elle reproche à la version en vigueur de ne pas assez tenir compte des spécificités physiologiques des très jeunes enfants (dont la rétine est immature) et des conditions d’utilisation « dans la vraie vie » : risques de détérioration des jouets, utilisation par les tout-petits à une très courte distance de leur visage, etc.

La norme de 2005 est plus protectrice que celle de 2020

Pour avoir une idée concrète de l’impact de ce changement, l’agence a procédé à des mesures sur 19 LED provenant de 10 jouets (toupie, avion, peluche veilleuse, balle, etc.). Résultat : 8 lampes auraient été interdites avant 2020 alors qu’avec le nouveau texte, une seule n’est pas conforme. « La norme de 2005 n’est pas parfaite, mais nos mesures confirment qu’elle est plus protectrice que la version de 2020 aujourd’hui en vigueur, qui ne permet pas de garantir la sécurité oculaire des enfants », conclut Olivier Merckel. L’Agence demande donc la suspension de cette dernière pour revenir à la version de 2005. La balle est dans le camp des pouvoirs publics. Quant aux parents, ils devraient éviter les lumières de couleur bleue ou blanche, les préférer diffuses plutôt que trop directes, et éviter de multiplier les jouets lumineux. Ils ne sont en aucun cas indispensables à l’éveil de l’enfant, argument aujourd’hui surexploité par les fabricants. Le conseil vaut aussi – et peut-être davantage – pour les articles qui ne sont pas des jouets, et pour lesquels la réglementation est encore moins exigeante : veilleuses, lampes torches, luminaires décoratifs…

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