Anne-Sophie Stamane
Renoncement aux soinsL’assurance maladie lance un accompagnement personnalisé
Plus d’un quart des personnes se rendant dans les caisses d’assurance maladie renonceraient aux soins par manque d’argent. Un dispositif spécifique pour les aider à financer et réaliser ces soins va être généralisé.
Le renoncement aux soins est un phénomène complexe. Mais une chose est sûre, il touche du monde. Selon une enquête de l’Observatoire des non-recours aux droits et services (ODENORE) auprès de 29 000 personnes dans 18 caisses primaires d’assurance maladie (CPAM), un quart d’entre elles étaient en situation de renoncement aux soins. Les soins dentaires sont les plus concernés, qu’il s’agisse de prothèses ou de soins conservateurs. Normal : ce sont les moins bien couverts par la solidarité nationale. Les consultations de spécialistes et l’équipement optique viennent ensuite.
Sans surprise, la principale raison du renoncement est le reste à charge, c’est-à-dire la somme qui n’est remboursée ni par l’Assurance maladie, ni, éventuellement, par la complémentaire santé, et que le patient doit payer de sa poche. Les soins dentaires et optiques, coûteux et traditionnellement peu pris en charge, sont particulièrement concernés. L’ODENORE note toutefois que les délais de rendez-vous trop longs, liés à la désertification médicale, et la méconnaissance des droits jouent aussi : des personnes pouvant prétendre à une aide à la complémentaire santé (ACS), par exemple, ne savent pas que le dispositif existe, et ne l’utilisent pas.
Plusieurs CPAM ont réagi en instaurant des dispositifs pour réamorcer la dynamique de soins chez ceux et celles qui ont jeté l’éponge par manque d’argent. Dans le Gard et dans la Somme, départements pionniers, l’effort porte d’abord sur le repérage des personnes dans le besoin, en mobilisant les agents d’accueil, les personnels des centres d’examen, mais aussi les professionnels de santé libéraux. Une fois identifiées, elles se voient proposer un bilan de leurs droits, parfois au-delà du domaine de la santé, ainsi qu’un accompagnement personnalisé par un conseiller qui reste le même tout au long du processus. L’aide peut aller jusqu’au conseil sur le choix d’un professionnel de santé, à la comparaison des devis et à la recherche de financements complémentaires si les aides accordées ne suffisent pas à couvrir les coûts.
Depuis le 1er mai 2016, 21 CPAM ont adopté un schéma d’intervention similaire. La généralisation à tout le territoire français devrait s’achever d’ici à un an. Un premier bilan montre que dans le Gard, un dossier sur trois a abouti à la réalisation de soins.