Yves Martin
Renault EspacePremières impressions
Le nouvel Espace change de fond en comble pour passer de la catégorie des monospaces à celle des SUV compacts. Le résultat est plutôt réussi même si des défauts, notamment au niveau des suspensions, demandent à être revus.
Il s’appelle Espace, pourtant il n’a plus rien à voir avec les quatre générations qui l’ont précédé. Exit en effet le monospace familial imposant pour laisser place à un véhicule plus dynamique et moderne. De l’aveu même de Laurens van den Acker, directeur du design industriel de Renault, « le nouvel Espace est désormais axé sur le confort individuel, l’habitabilité et le style plus fluide d’un crossover moderne ». Les changements sont d’ailleurs si radicaux – le nouvel Espace utilise une nouvelle plate-forme commune aux Nissan Qashqai et X-Trail ainsi qu’à la future Laguna (prévue en fin d’année) – que la voiture aurait peut-être mérité de changer de nom pour éviter toute confusion. Le débat a bien sûr eu lieu chez Renault, mais le constructeur a préféré capitaliser sur le nom du monospace qui a grandement participé à son succès commercial.
Qualité de vie à bord
Autant que l’extérieur, le style intérieur change de fond en comble. L’habitacle est plus moderne et un nouvel écran, large de 8,7 pouces, trône au centre de la planche de bord. Il devient le véritable centre névralgique de la voiture dont, grâce au système R-Link 2, il permet de gérer tous les paramètres. Fonctionnant comme une tablette tactile, il permet de zoomer, de faire défiler des pages, de déplacer des icônes… Il est même personnalisable (six profils différents peuvent être mémorisés) pour afficher, par exemple, la navigation et la radio sur l’écran d’accueil.
Si l’utilisation s’avère assez intuitive pour une personne habituée à ces nouvelles technologies, elle risque toutefois de perturber celles qui n’ont jamais utilisé de tablette ; il leur faudra un peu d’entraînement afin d’en maîtriser toutes les subtilités. Le système R-Link 2 propose également une commande vocale pertinente pour gérer le téléphone ainsi que la navigation. Si cette dernière, fournie par TomTom, est facile à programmer, nous avons trouvé que la voix très synthétique utilisée pour les annonces vocales ne correspondait pas au standing de la voiture.
L’autre bénéfice de l’écran tactile est de limiter le nombre de commandes et de boutons divers, ce qui concourt à une meilleure sobriété de la planche de bord. On retrouve la bonne ergonomie du volant aux commandes simples à utiliser. Le combiné d’instruments, entièrement numérique, est lui aussi assez épuré, ce qui le rend très lisible.
La modularité du nouvel Espace innove aussi avec le système One-Touch, qui permet de rabattre à la demande et en un seul clic n’importe quel siège, ou tous les sièges ensemble, quelle que soit la position de l’appuie-tête. Il est donc possible de les replier depuis le poste de conduite via l’écran tactile ou depuis le boîtier de commande situé dans le coffre à bagages, voire directement en actionnant le levier manuel placé sur le côté de chaque siège. Une fois rabattus, les sièges offrent un plancher relativement plat et un volume de chargement maximal qui dépasse les 2 m3. Si ce volume est appréciable, il n’en est pas de même pour les rangements dans l’habitacle, assez rares et parfois peu pratiques. C’est le cas par exemple des bacs de portières réduits à la portion congrue et de la boîte à gants. Cette dernière, qui s’ouvre en coulissant, comme sur la Renault Captur, est spacieuse, mais il risque d’être compliqué d’attraper quelque chose au fond. Si un autre volume de rangement est aménagé dans l’accoudoir central, seules les versions à boîte de vitesses automatique bénéficieront d’un espace sous la console centrale. Comme aucune possibilité n’est donnée pour poser quelque chose sur la planche de bord, c’est, au final, un peu juste.
L’habitacle n’en demeure pas moins agréable à vivre. La finition est d’un bon niveau et les matériaux utilisés, rembourrés pour la plupart, sont de bonne qualité. Selon les options choisies, l’intérieur peut toutefois s’avérer un peu sombre si tous les éléments sont noirs. Heureusement, l’éclairage d’ambiance et le toit panoramique amènent de la luminosité.
Au volant
La sérénité de l’agencement intérieur ne se dément pas pendant la conduite. L’insonorisation est très bonne. Les bruits de roulement sont peu voire pas du tout audibles et le moteur se fait très discret. Trois mécaniques, de 1,6 l de cylindrée, sont présentes au catalogue : une essence de 200 ch et deux diesels de 130 ch et 160 ch. Les deux plus puissantes, que nous avons prises en main, sont associées à une boîte de vitesses robotisée à double embrayage (à 7 rapports pour l’essence) alors que le diesel de 130 ch n’est livré qu’avec une boîte manuelle à 6 rapports.
Lors de nos parcours, sur presque 500 km, nous avons été un peu déçus par le moteur à essence dont les 200 ch annoncés ne nous ont pas vraiment séduits. Les relances n’ont pas été transcendantes et nous avons hésité plus d’une fois avant de dépasser. Certainement la faute à sa puissance et à son couple maxi assez haut perché, qu’il faut aller chercher jusqu’à 5 750 tr/min.
Même déception au niveau de la consommation réelle de ce moteur essence : en dépassant les 10 l/100 km, elle s’éloigne vraiment beaucoup des 6,2 l/100 km annoncés par le constructeur. C’est d’autant plus gênant que nous avons roulé tranquillement et que nous étions seulement deux à bord. Qu’en sera-t-il pour un trajet réalisé à la montagne avec quatre passagers et un coffre plein ?
Le diesel de 160 ch est, de loin, le plus agréable à conduire. La présence de deux turbos (un petit fonctionnant à bas régime et un gros qui prend le relais ensuite) le rend très dynamique et lui permet de répondre à la moindre sollicitation. Que ce soit en ville ou sur route, nous avons apprécié son fonctionnement linéaire et très silencieux. Et si, là encore, nous n’avons pas atteint les 4,6 l/100 km promis, la consommation reste raisonnable (6 l/100 km de moyenne). Avec ces deux moteurs, la boîte de vitesses EDC s’est avérée agréable et pertinente. Elle convient tout à fait à la philosophie de la voiture.
En revanche, les suspensions pilotées ne nous ont pas ménagés. Cet équipement, baptisé Multi-Sense et monté à partir de la deuxième finition Zen, modifie le fonctionnement des amortisseurs, permettant de choisir entre plusieurs modes de conduite : Éco, Confort, Neutre, Sport et personnalisé. Très fermes en compression (lorsque la voiture « s’enfonce »), les amortisseurs deviennent très souples à la détente (lorsque la voiture remonte). Il s’en suit des réactions étranges, parfois imprévisibles, mais souvent inconfortables. Nous aurions donc aimé conduire une version classique pour comparer le confort des suspensions normales. À noter que le système Multi-Sense agit également sur d’autres paramètres (10 au total) comme la réactivité du moteur, de la boîte de vitesses, la direction, l’éclairage d’ambiance et même la sonorité du moteur (via le système audio de la voiture) ! Le mode personnalisé permet de programmer soi-même tous ces critères selon ses préférences.
Sécurité
Pour son nouvel Espace, Renault propose pour la première fois un régulateur de vitesses adaptatif (pour le moment bridé à 140 km/h) ainsi qu’un freinage d’urgence. L’éclairage entièrement réalisé par des LED est également livré en série sur tous les modèles, tout comme les aides au stationnement avant, arrière et latérale. Le système de stationnement automatique proposé en option est également utilisé pour sortir de sa place. Pour assurer une protection optimale des occupants, le véhicule est équipé d’airbags frontaux (adaptatif pour le passager), d’airbags de bassin et de thorax à l’avant, d’airbags rideaux de tête à l’avant et à l’arrière. Si la Renault Espace n’a pas encore subit les crash-tests Euro NCAP, le constructeur espère de bons résultats grâce à l’utilisation de nouvelles technologies de fabrication et d’emboutissage à chaud de certaines tôles qui offriraient un meilleur rapport poids/résistance.
La Renault Espace en résumé
Le nouvel Espace quitte donc la catégorie des monospaces pour intégrer celle des crossover, SUV et 4×4. Le panel de concurrents s’en trouve élargi. Proposé entre 34 200 et 46 300 €, il se voit opposer des véhicules aussi différents que la nouvelle Kia Sorento, la Nissan Qahsqai ou même la BMW X5. La comparaison n’est donc pas du tout évidente et il faudra donc être très vigilant sur l’équipement proposé, la modularité et, bien sûr, le prix.
Les +
Habitabilité
Finition
Système R-Link 2
Modularité
Les –
Confort des suspensions
Reflets dans le pare-brise
Moteur essence décevant
Manque de rangements