Perrine Vennetier
Reflux gastro-œsophagien (RGO)Que faire quand les brûlures d’estomac persistent ?
Le reflux acide n’est pas toujours soulagé par les médicaments. Dans certains cas, la chirurgie peut être intéressante. Mais dans de rares cas seulement. Une étude scientifique menée à ce propos montre que l’opération s’adresse à une minorité de patients et après s’être assuré de la réalité du reflux persistant.
Les manifestations caractéristiques du reflux gastro-œsophagien sont éminemment désagréables. D’une part des brûlures sont ressenties, qui remontent de l’estomac derrière le sternum et peuvent être douloureuses, appelées « pyrosis » par les médecins. D’autre part, des régurgitations acides se produisent qui correspondent à des remontées du contenu de l’estomac dans l’œsophage. En cas de symptômes sévères, la prise de médicaments antireflux (dits IPP) est recommandée. Mais malgré ce traitement, environ un tiers des personnes souffrant de brûlures d’estomac ne sont pas soulagées. Et les preuves manquent sur la conduite à tenir.
Une étude récente (1) a donc eu la bonne idée de comparer les effets d’une chirurgie du reflux (appelée « fundoplicature ») et d’un traitement médicamenteux particulier (baclofène éventuellement associé à un antidépresseur) chez des personnes souffrant de reflux résistant au traitement. C’est la chirurgie qui s’est révélée la plus efficace, soulageant environ les deux tiers des personnes opérées. Mais attention, peu sont éligibles. Au cours des examens préalables, les chercheurs se sont en effet aperçus que près de la moitié des 366 patients recrutés présentaient des symptômes de brûlures d’estomac mais ne souffraient pas réellement de reflux gastro-œsophagien résistant.
Vérifier avant d’agir
Ainsi une quarantaine de patients ont finalement bien été soulagés à la suite d’instructions explicites sur le bon schéma de prise pour prendre leur médicament antireflux (voir encadré). Après de nombreux tests d’exploration de l’œsophage (endoscopie, biopsie, manométrie, mesure particulière du pH, etc.), une centaine d’entre eux se sont avérés souffrir d’autre chose que de remontées acides : des sensations de brûlures d’estomac sans cause identifiée ou d’autres problèmes œsophagiens. Une éventuelle chirurgie n’est donc envisageable qu’après s’être assuré que les symptômes persistants sont bien liés à un reflux gastro-œsophagien. Investiguer avant d’intervenir, telle est au fond la leçon de cette étude.
Bien prendre son médicament antireflux (IPP)
Dans cet essai, un nombre non négligeable de patients souffrant de brûlures d’estomac persistantes ont été soulagés lorsqu’ils ont reçu des instructions pour prendre correctement un traitement antireflux. Il existe cinq médicaments IPP (inhibiteurs de la pompe à protons) sur le marché (2), leur efficacité se vaut en moyenne mais avec des variabilités individuelles. Si un IPP ne marche pas chez quelqu’un, il peut être utile d’en changer, de préférence pour de l’oméprazole (Mopral) si ce n’était pas la molécule prise jusque-là. Ce traitement est à prendre deux fois par jour, avant le petit déjeuner et le dîner, une demi-heure environ avant le repas. Cette précision est importante car méconnue. La raison est simple : les médicaments antireflux ont pour but de stopper la production d’acide dans l’estomac. Or celle-ci est très faible à jeun mais elle est stimulée par l’alimentation. C’est pourquoi leur prise est recommandée avant les repas.
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(1) « Randomized Trial of Medical versus Surgical Treatment for Refractory Heartburn », New England Journal of Medicine, 17/10/19.
(2) Oméprazole éMopral, Zoltum), ésoméprazole soméprazolerabéprazole aPariet), pantoprazole aEupantol, Inipomp, Pantozol Control), le lansoprazole (Lanzor, Ogast, Ogastoro) et génériques.