Olivier Puren
Réductions d’impôtPensez à ajuster votre avance de janvier 2025
Des millions de contribuables recevront un virement ou un chèque du fisc en janvier 2025. Vous avez intérêt à en réduire le montant si vos dépenses défiscalisantes ont diminué cette année. Le service de modulation en ligne sur le site des impôts fermera en décembre.
Vous avez supporté des dépenses d’emploi à domicile, de garde d’enfants, de séjour en Ehpad, ou vous avez fait un don aux Restos du cœur en 2023 ? Ces dépenses vous ont donné droit à une réduction d’impôt ou à un crédit d’impôt en 2024 ? Sans action de votre part, une avance de 60 % de ces avantages fiscaux sera versée sur votre compte bancaire autour du 15 janvier 2025, ou par chèque envoyé à votre domicile si le fisc n’a pas vos coordonnées bancaires.
Son montant risque toutefois de dépasser vos réductions et crédits d’impôt de 2025 si vos dépenses ont diminué en 2024 par rapport à 2023 ; vous devrez alors rembourser le trop-perçu en septembre 2025. Dans ce cas, mieux vaut réduire votre avance, voire la supprimer totalement. Vous avez jusqu’au 11 décembre inclus pour le faire depuis votre espace particulier sur Impots.gouv.fr, et éviter ainsi d’avoir à rembourser le fisc à la fin de l’été prochain.
L’imputation complexe des réductions d’impôt
Le taux de prélèvement à la source appliqué sur vos revenus ne tient pas compte de vos réductions et crédits d’impôt. Ces avantages vous sont remboursés l’année suivant celle du paiement de vos dépenses, lors du calcul de vos impôts définitifs, soit durant l’été 2025 pour les réductions et crédits d’impôt attachés aux dépenses faites en 2024. Cette règle est pénalisante si vous avez des réductions d’impôt étalées sur plusieurs années ou si vous bénéficiez d’avantages fiscaux récurrents, car vous payez trop d’impôt à la source et devez patienter 1 an pour être remboursé de l’excédent.
Pour limiter vos difficultés de trésorerie, certaines réductions d’impôt et certains crédits d’impôt donnent lieu au versement d’une avance de 60 % dès le mois de janvier de l’année suivant celle de vos dépenses, le reliquat de 40 % étant versé durant l’été. Six avantages fiscaux sont concernés : les crédits d’impôt pour emploi à domicile, garde d’enfant de moins de 6 ans et cotisations syndicales, et les réductions d’impôt pour dons aux associations, hébergement en Ehpad et investissement locatif (Pinel, Duflot, Scellier, Censi-Bouvard…).
Bon à savoir le versement immédiat du crédit d’impôt pour emploi à domicile limite également les difficultés de trésorerie des ménages. L’avantage fiscal de 50 % est alors déduit directement des salaires à verser à votre salarié ou des factures à régler à l’entreprise prestataire de services à la personne.
Le calcul complexe de l’avance de 60 %
Sur le papier, l’avance de 60 % versée en janvier prochain compensera l’excédent d’impôt à la source payé les 8 premiers mois de 2025, et les 40 % restants versés durant l’été compenseront l’excédent d’impôt à la source payé les 4 derniers mois. Mais en pratique, le dispositif risque d’alourdir le solde d’impôt que vous devrez payer fin 2025 car la somme que vous allez recevoir en début d’année a été calculée sur la base de vos dépenses de 2023, pas sur celles de 2024 (le fisc ne les connaît pas encore !).
Ainsi, si vos dépenses de 2024 éligibles à l’avance sont supérieures ou égales à celles de 2023, le solde de 40 % de l’été 2025 sera nécessairement positif. En revanche, si vos dépenses de 2024 sont en baisse, ce solde pourra être négatif et le fisc vous demandera de le lui rembourser en septembre 2025. Par exemple, si vous avez supporté 3 500 € de frais de garde d’enfant en 2023 et en 2024 (frais donnant droit à un crédit d’impôt de 50 %), vous recevrez une avance de 1 050 € en janvier 2025 (60 % du crédit d’impôt de 1 750 € obtenu en 2024) et un solde de 700 € en juillet-août 2025 (40 % du crédit d’impôt de 1 750 € obtenu en 2025). Cependant, si vos frais de garde tombent à 1 000 € en 2024, vous n’aurez droit qu’à un crédit d’impôt de 500 € en 2025, et vous devrez donc restituer en septembre les 550 € d’avance reçus en trop en janvier (1 050 – 500 €).
La réduction ou l’annulation de l’avance
Pour éviter d’avoir à rembourser ce trop-perçu, vous pouvez modifier le montant de votre avance de réductions et crédits d’impôt de janvier prochain. Il suffit de vous connecter à votre espace particulier sur le site des impôts d’ici le 11 décembre, de cliquer sur la rubrique « Prélèvement à la source » puis sur le bouton bleu « Gérer votre avance de réductions et crédits d’impôt ».
Si vous n’avez supporté aucune dépense éligible à l’avance en 2024, cliquez sur le bouton « Je souhaite renoncer à mon avance » afin de ne rien recevoir en janvier prochain. Si vos dépenses éligibles à l’avance ont diminué en 2024, cliquez sur « Je souhaite modifier mon avance » afin d’en réduire le montant. Vous indiquerez vos dépenses de l’année dans la case prévue à cet effet, ce qui entraînera automatiquement le calcul du nouveau montant à vous verser.
Attention, vous ne pouvez pas augmenter le montant de votre avance si vos dépenses sont en hausse en 2024 par rapport à 2023. Dans ce cas, le supplément de réduction ou de crédit d’impôt vous sera versé durant l’été 2025. Vous ne pouvez pas non plus demander à percevoir l’avance si vous avez fait de dépenses qui y sont éligibles en 2024 mais pas en 2023. Dans ce cas, l’avantage fiscal vous sera versé intégralement au cours de l’été 2025 et le fisc s’appuiera sur vos dépenses de 2024 (déclarées au printemps 2025) pour calculer l’avance à vous verser en janvier 2026.
Bon à savoir les contribuables utilisent peu le service de modulation de l’avance de réductions et crédits d’impôt. Plus de 25 % des 9 millions de ménages qui en ont reçu une en janvier 2024 ont dû en rembourser une partie en septembre 2024. Moins de 3 % avaient demandé une diminution de son montant fin 2023.