Arnaud de Blauwe
Rachat d’orMauvais filon
De nombreux particuliers franchissent les portes du Crédit municipal pour y déposer en gage leurs bijoux en échange d’un prêt. Des représentants d’officine de rachat d’or ont flairé le filon : ils viennent démarcher à proximité de l’établissement des clients potentiels et profite de leur faiblesse pour leur proposer des prix de rachat peu attrayants.
Face à la flambée des cours de l’or, de nombreux particuliers vendent des bijoux auprès de sites Internet ou de magasins qui, profitant de l’aubaine, ont poussé comme des champignons. Une fois l’acheteur payé, ces intermédiaires revendent l’or qui est ensuite refondu. Mais cette ruée vers l’or attire aussi des personnages peu scrupuleux.
Le directeur général du Crédit municipal de Paris, Bernard Candiard, donne l’alerte. Son établissement, aussi appelé « Ma Tante » prête sur gage : des particuliers y déposent leurs bijoux qu’ils récupèreront une fois les sommes qu’ils ont empruntées remboursées. « Des représentants d’officines d’achat d’or démarchent jusqu’à nos portes les personnes qui viennent chez nous, explique Bernard Candiard. Or ces dernières étant souvent fragiles, il est facile de les tromper sur le prix proposé ». Ces rabatteurs auraient même tenté, en vain, de soudoyer des agents du Crédit municipal en leur promettant une commission pour tout client envoyé. Selon un des vigiles du Crédit municipal de Paris « Des démarcheurs sont venus plusieurs fois la semaine dernière. Nous avons même sorti l’un d’eux de notre salle d’attente. Ils viennent d’une petite boutique qui s’est récemment installée dans la rue d’à-côté ». Le problème n’est pas limité à Paris : « Tous mes collègues de province le constatent également », indique Bernard Candiard. Pour éviter toute mauvaise surprise, mieux vaut passer son chemin quand on est ainsi sollicité.
S’ils acceptent la proposition de ces démarcheurs, les consommateurs se séparent en outre définitivement des bijoux. Ce qui n’est pas le cas avec le Crédit municipal puisqu’ils sont, en général, récupérés dans les deux ans une fois le prêt remboursé.
Rappelons par ailleurs que des mesures ont été prises pour mieux encadrer le commerce du rachat d’or. Ainsi, seuls les paiements par chèques sont autorisés. Le vendeur doit en outre justifier de son identité, l’acheteur devant de son côté tenir à jour un livre de police qui pointe les diverses transactions. Et lorsque l’on veut vendre son or, il est conseillé de comparer les tarifs de rachat. Comme l’a montré une enquête publiée par Que Choisir l’automne dernier, la différence sur le prix net par gramme d’or peut être sensible d’une enseigne à l’autre.