Erwan Seznec
Rachat d’orDes irrégularités en pagaille
La Répression des fraudes (DGCCRF) a procédé à une vaste enquête sur les officines de rachat d’or. Elle a relevé des anomalies à foison, mais arrive malheureusement bien tard.
Impressionnante moisson ! En 2012, la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) a inspecté 463 établissements spécialisés dans le rachat d’or aux particuliers. Le taux d’anomalie était de 54 %, soit 251 établissements qui ont reçu un avertissement et qui seront, dans quelques dizaines de cas, plus sévèrement sanctionnés.
Le particulier n’est « pas ou est mal informé sur le prix auquel le professionnel rachète ses bijoux » et ne reçoit parfois aucune facture, ont constaté les inspecteurs. « De nombreuses publicités mettent en avant la possibilité d’un paiement “cash” ou “en toute discrétion”, alors que ces pratiques, l’une comme l’autre, sont illicites. » Dans le cadre du démarchage à domicile, les formes légales, et notamment le délai de rétractation, sont « souvent transgressées ».
« Conscient des problèmes rencontrés et de la vulnérabilité des consommateurs concernés », précise un communiqué du ministère de l’Économie, le Parlement a adopté début juillet « un dispositif encadrant l’information donnée au consommateur ainsi que le formalisme du contrat » dans le cadre des ventes d’or, avec à la clé un durcissement des sanctions en cas d’infraction.
La mobilisation de la puissance publique serait louable si elle arrivait à point. Ce n’est pas le cas. Les rachats d’or posaient problème depuis des années. La DGCCRF rend ses conclusions alors que le marché s’est durablement retourné. Sur les 12 derniers mois, l’or a perdu 28 % de sa valeur. Il est au plus bas depuis 2010. Le 19 juin, cette « valeur refuge » a perdu 10 % en une seule journée, suite à des commentaires optimistes de la banque centrale des États-Unis (la Réserve fédérale) sur les perspectives économiques. Les officines de rachat d’or qui s’étaient multipliées depuis 5 ans fermeront probablement en nombre en France.
Pendant ce temps, « les risques d’arnaque se déplacent sur d’autres produits, en particulier le diamant », explique un professionnel de la gestion de patrimoine. Une des raisons est que « l’État, de manière incompréhensible, a accordé l’an dernier un avantage fiscal » à l’investissement dans les pierres, à travers un mécanisme assez complexe mettant en jeu les Fonds communs de placement pour l’innovation (FCPI). Les sites présentant le diamant comme un produit sûr à progression quasiment garantie sur le long terme semblent se multiplier sur le Web. Ils sont manifestement conçus pour séduire un public de néophytes, alors que le marché des diamants est encore plus complexe et infiniment plus opaque que celui de l’or. Rendez-vous en 2017 ou 2018 pour un rapport de la DGCCRF, et une loi bordant les dérives de la vente de pierres précieuses aux consommateurs ?