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Punaises de lit

Un insecticide interdit provoque des intoxications

L’insecticide Sniper 1000 a beau être interdit en France depuis 2013 en raison de sa toxicité, il continue à être utilisé comme traitement contre les punaises de lit. Les intoxications se multiplient.

Bien qu’il soit interdit depuis 2013 pour les usages domestiques, l’insecticide Sniper 1000 EC DDVP reste utilisé dans la lutte contre les punaises de lit. De janvier 2018 à juin 2023, l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) et les Centres antipoison ont recensé 163 intoxications provoquées par son usage, dont certaines graves. En mai dernier, un nourrisson a même été gravement intoxiqué après qu’on lui en a donné par erreur.

En cause, son principe actif, le dichlorvos, un pesticide interdit en agriculture dès 2007 tant il est toxique pour la santé et l’environnement. Il a cependant – étrangement – été autorisé jusqu’en 2013 dans les insecticides à usage ménager, le lobbying des industriels l’ayant emporté sur les enjeux de santé publique.

Psychose autour des punaises de lit

Mortel par inhalation, le dichlorvos est nocif par contact avec la peau et par ingestion. Il peut provoquer des allergies cutanées, des symptômes respiratoires, de l’asthme, des troubles oculaires et neurologiques graves. En matière d’environnement, il est très toxique pour les organismes aquatiques.

Depuis début 2023 et la psychose autour des punaises de lit, la DGCCRF a contrôlé plus de 500 commerces mais aussi des plateformes de vente ainsi que les réseaux sociaux à la recherche de cet insecticide interdit. Plus de 400 flacons de Sniper ont été saisis. Des annonces de vente en ligne et de particuliers sur les réseaux sociaux ont été supprimées. Si la plupart des cas d’intoxication ont eu lieu en Île-de-France, tout particulièrement en Seine-Saint-Denis où il était vendu sous l’appellation « Sniper » ou « Shooter » sur des marchés et dans des bazars, toutes les régions ont été concernées par une ou plusieurs intoxications.

Mise à jour du 3 octobre 2024

Le Sniper 1000 est décidément aussi tenace que les punaises de lit, cafards et autres nuisibles dont il promet de vous débarrasser ! Bien qu’il soit interdit en France depuis 2013 en raison de sa toxicité, la douane française continue d’en saisir régulièrement, a annoncé la direction générale des Fraudes (DGCCRF) le 2 octobre. En 2024, 200 flacons ont été saisis lors du contrôle de 2 colis postaux au bureau de dédouanement postal de Wissous (Essonne), ainsi que 287 flacons lors d’un contrôle de marchandises arrivées à l’aéroport de Roissy et 1 784 flacons (pour un total de 197,30 litres) lors d’une autre opération de contrôle à cet aéroport.

Cet insecticide continue par ailleurs d’être vendu illégalement dans les magasins spécialisés, sur les étals de marchés, sur des plateformes de commerce en ligne ou par des particuliers sur les réseaux sociaux, constate la DGCCRF. Depuis 2023, elle a saisi près de 900 flacons de Sniper 1000 EC DDVP ou de Shooter 1000 EC DDVP lors de contrôles menés dans des commerces ou sur des plateformes de vente en ligne, précise-t-elle. Elle indique aussi avoir fait retirer des annonces d’offres en ligne pour ces deux références.

La vigilance s’impose

Si l’alerte de l’Anses concerne le Sniper 1000, d’autres insecticides interdits à base de dichlorvos continuent à être écoulés sur le territoire. Que Choisir déconseille vivement l’achat de produits de traitement contre les punaises de lit, les cafards, les poux ou autre nuisible sur Internet, sur les marchés, dans des bazars ou chez des déstockeurs. En 2021, deux très jeunes enfants sont morts après avoir ingéré un raticide interdit, via des aliments posés sur le sol traité.

Élisabeth Chesnais

Élisabeth Chesnais

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