Anne-Sophie Stamane
Le devis de la transparence
Les débats ont été houleux, mais finalement, les parlementaires ont pris parti pour les consommateurs : ils ont décidé qu'à l'avenir, les dentistes devront préciser, sur le devis, le prix d'achat des prothèses. Les dentistes, opposés à cette mesure, ne cachent pas leur intention d'entraver son application.
La loi Hôpital patients santé territoires (HPST) a déçu sur bien des points, mais une disposition sort tout de même du lot, et pourrait aider les patients à y voir un peu plus clair dans ce que leur coûtent leurs soins dentaires. Le texte prévoit en effet que tout acte ou prestation nécessitant la pose d'un dispositif médical fasse l'objet d'une information gratuite et détaillée. Traduction : avant de poser une prothèse dentaire, les chirurgiens-dentistes devront faire figurer distinctement sur le devis d'où elle vient et à quel prix ils l'ont achetée. Il s'agit d'une véritable avancée pour le consommateur, qui, jusqu'alors, n'avait pas les moyens de distinguer le coût de la prothèse en elle-même de celui de la pose, de l'adaptation et du traitement de la dent. Cette mesure sera d'autant plus appréciée que, depuis quelque temps, les professionnels se fournissent en Asie, pour beaucoup moins cher qu'en France, et que la différence ne s'est pas vraiment répercutée sur la note finale.
Entraver l'application de la loi
Pendant longtemps, les chirurgiens-dentistes se sont violemment opposés à une telle transparence. Lors de la discussion sur le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS), en novembre 2008, ils avaient réussi à repousser un amendement dans ce sens. Cette fois, ils ne sont pas parvenus à leurs fins. Reste qu'ils se mettent déjà en ordre de bataille pour entraver au maximum l'application de la loi. Car celle-ci reste suspendue à la publication prochaine d'un décret. Roland L'Herron, de la Confédération nationale des syndicats dentaires (CNSD), ne cache pas son intention de faire traîner les choses : « La balle étant dans le camp du ministère et du cabinet de Roselyne Bachelot qui n'était pas favorable à cet article, nous allons immédiatement nous rapprocher d'eux pour travailler sur le décret et tenter de trouver un terrain d'entente pour une rédaction tardive, au mieux de nos intérêts, et qui évite les conséquences néfastes pour la relation de confiance patient/praticien », dit-il sans complexe dans les colonnes du « Chirurgien-dentiste de France », revue professionnelle.