Anne-Sophie Stamane
ProtelosServier renvoyé dans ses cordes
Pour une fois, le Conseil d’État a fait passer la santé publique avant les intérêts d’un laboratoire. Il a confirmé la dégradation du service médical rendu du Protelos (ranélate de strontium) et, partant, la baisse du taux de remboursement par l’assurance maladie.
Depuis le 1er janvier 2012, l’assurance maladie ne prend plus en charge le Protelos (ranélate de strontium) qu’à hauteur de 30 %. C’est la conséquence logique d’un avis de la Haute Autorité de santé (HAS), qui avait trois mois plus tôt révisé à la baisse le service médical rendu (SMR) de cette spécialité utilisée dans l’ostéoporose. Les laboratoires Servier, qui commercialisent la molécule et également le Mediator, n’ont pas supporté son déclassement et porté l’affaire devant le Conseil d’État. Ce dernier vient de conforter les positions de l’administration : ni la HAS, ni l’assurance maladie n’ont commis d’erreur dans leur appréciation.
Dans sa décision, le Conseil d’État insiste sur le « profil de risque plus dangereux que ceux de ses concurrents ». Le Protelos favorise en effet les événements thromboemboliques veineux et surtout, il peut chez certaines personnes sans facteur de risque particulier provoquer une allergie médicamenteuse sévère (syndrome DRESS), parfois mortelle. C’est pourquoi, même s’il est d’une efficacité comparable aux autres traitements, notamment les biphosphonates, il est préférable d’éviter le Protelos. Les femmes qui le prennent doivent impérativement l’arrêter en cas d’éruption cutanée débutante.