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Protéines végétales SyncN’est pas vegan qui veut

La marque d’aliments protéinés Sync a discrètement modifié son packaging, passant de « vegan » (végétalien) à « plant based » (à base de plantes). Simple changement de vocabulaire ? Pas vraiment. La DGCCRF a rappelé le fabricant à l’ordre pour pratiques commerciales trompeuses, ce qui a aussi le mérite de mettre en évidence le niveau d’ultratransformation de ce type de produits. Explications.

« Parce qu’on peut être fit et strong sans gober tout et n’importe quoi, on a lancé des protéines végétales super tasty. » L’objectif, pour les créateurs de la marque Sync, est « d’entretenir ton body », et ceci « avec la conscience du monde qui t’entoure ». En clair, Sync vend des aliments ultra-protéinés en barres ou en poudre, destinés aux sportifs ou à ceux qui veulent perdre du poids. Et tout cela avec des produits « bio », « vegan », « 100 % naturels » et « sans édulcorant ».

Vraiment ? Pourquoi alors remplacer le terme « vegan » (végétalien) par celui, moins connu et moins précis, de « plant based », c’est-à-dire fabriqué principalement à base de plantes, alors que la liste des ingrédients, elle, n'a pas bougé ? En réalité, Sync n’avait pas le choix : une injonction de la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) de Savoie à son encontre lui intime de « cesser immédiatement [ses] communications trompeuses ». Elles portent sur « l'usage trompeur des qualités "bio" et "vegan" des protéines en poudre vendues » et « l'usage trompeur de la qualité "sans édulcorant" de la protéine en poudre "French Vanilla" ».

La poudre French Vanilla dans un emballage indiquant « bio » et « vegan » et dans un autre sans ces mentions.

Un allergène escamoté​​​​​​

La DGCCRF avait auparavant procédé à des analyses « qui ont démontré la présence de lactose dans des produits qualifiés de vegan ». Ce n’est pas tant un risque éventuel pour la santé que les allégations trompeuses qui sont dans le viseur de l’administration. Ce terme, bien qu’il ne soit pas officiellement encadré, est utilisé couramment au sens de « végétalien », c’est-à-dire exempt de tout produit d’origine animale, lait, œuf ou miel inclus. Qualifier de « vegan » un aliment contenant potentiellement du lait, même sous forme de traces, est donc une pratique commerciale trompeuse aux yeux de la répression des fraudes. « Les produits ne nécessitent pas d’être retirés des boutiques, ni arrêtés de la production ou de la commercialisation [car il n’a pas été] relevé de caractère dangereux, confirme-t-elle. Ce sont les allégations trompeuses sur le site Internet, les réseaux sociaux et les packagings qui sont sanctionnées. »

Sur le site de Sync, la liste des allergènes des différents produits (poudres mais aussi barres protéinées) mentionne effectivement la présence possible de lait. Incompatible, donc, avec « vegan ». Mais pourquoi ne figure-t-il pas dans la liste des ingrédients ? Interpellé à ce sujet par des internautes, Sync reconnaît « une présence de lait dans notre mix aromatique sous forme de carrier » (sic). La marque parle dans ce cas d’un ingrédient technologique utilisé lors de la fabrication du produit, en l’occurrence pour conserver les arômes plus longtemps. Ce type d’ingrédients peut ne pas figurer dans la liste des ingrédients car il n’est pas censé se retrouver dans le produit final. Or, le fait qu’il soit mentionné parmi les allergènes montre l’inverse. « La présence est suffisamment basse pour que les personnes sensibles au lactose ne soient pas impactées », se défend Sync. Mais que les clients se rassurent, « nous faisons notre maximum pour relancer une production de nos protéines vegan sans édulcorants artificiels, avec des tests rigoureux en laboratoire », promet « Amélie de la team Sync » en réponse à nos questions. Est-ce à dire que ce n’était pas le cas avant ?

Il est difficile de connaître la composition exacte de ce type de produits ultratransformés (lire aussi l’encadré). En cas d’allergies alimentaires, abstenez-vous. De façon générale, optez pour un régime équilibré et à base d’aliments bruts.

Bio ou pas bio, le doute subsiste

Quant à une quelconque mention des matières premières issues de l’agriculture biologique, elle est inexistante sur le site. Les logos « bio » disparaissent d’ailleurs des photos de produits. La raison invoquée ? « Nos protéines ne peuvent actuellement plus être bios puisqu'il est impossible de sourcer la fibre d'acacia de manière bio depuis début 2024 », explique Sync. Un peu léger, sachant que pour être labellisé « bio », un aliment doit être composé d’au moins 95 % de matières premières bios.

Des édulcorants qui n’en sont pas

Pour ce qui est d’un autre reproche formulé par la DGCCRF, considérer la poudre French Vanilla « sans édulcorant » était pour le moins gonflé, alors que du dextrose ‒ un agent de texture utilisé comme édulcorant ‒ figure dans la liste d’ingrédients ! Pourtant, d’après la réponse transmise par Kevin Aouragh, fondateur et directeur général de Sync, la marque compte maintenir la mention « sans édulcorant » au motif qu’il est « naturel ». « Nous n'utilisons pas les mentions vegan et plant based de manière trompeuse », maintient-il. C’est faire peu de cas de la réglementation sur les produits alimentaires et de l’injonction de la DGCCRF de Savoie.

Cette dernière confirme d’ailleurs que « les mesures ordonnées n'ont pas été réalisées par l'entreprise Sync ». Mais elle ne peut en dire davantage « en raison du principe du secret de l'enquête »…​​​​​

Une recette ultratransformée

La poudre French Vanilla utilise de « vraies » gousses de vanille pour un goût « naturellement gourmand ». Mais elle contient aussi des isolats de protéines de pois et de riz brun, de la protéine de courge, du dextrose, de la lécithine de tournesol, bref, un condensé d’ingrédients typiques de l’ultratransformation.

Le Funky Brownie serait quant à lui un « en-cas fitness sans ingrédients pas nets ». Pourtant, on y trouve de l’érythritol, un édulcorant classé peu recommandable dans notre évaluation des additifs, ou encore de la lécithine de tournesol, estimée tolérable seulement. Quant à l’arôme naturel, ce type d’ingrédients est extrait d’un produit par diverses méthodes, qui peut être une simple filtration, mais aussi une extraction par des solvants.

Or, de nombreuses études épidémiologiques démontrent un lien entre l’ultratransformation et diverses maladies chroniques comme le surpoids, le diabète, l’hypertension, etc. Les poudres et barres protéinées ne sont donc peut-être pas si « healthy » que cela…

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