Élisabeth Chesnais
Protection des abeillesUne réglementation sur les pesticides trop laxiste
Dans un nouvel avis, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses) recommande un durcissement de la réglementation qui régit l’usage des pesticides pour enfin protéger les abeilles de leurs effets dévastateurs.
Dans un avis qui vient d’être publié, l’Anses rappelle que « les abeilles et autres pollinisateurs jouent un rôle crucial dans la biodiversité et l’agriculture » et que leur protection vis-à-vis des produits phytopharmaceutiques est une priorité.
Or la réglementation actuelle sur les pesticides est inadaptée, elle ne protège pas les abeilles, toutes les données de surveillance sur les colonies et les ruchers le prouvent. Des mortalités massives continuent à se produire et 76 % des échantillons de pollen sont contaminés.
L’Agence émet donc des recommandations précises pour renforcer la réglementation et mieux encadrer l’usage des pesticides. C’est ainsi qu’actuellement, seule la pulvérisation d’insecticides et d’acaricides est interdite pendant les périodes de floraison. L’Anses préconise d’étendre cette interdiction à l’ensemble des pesticides pulvérisés, fongicides et herbicides compris. Une interdiction qui doit aussi s’appliquer aux substances actives systémiques utilisées en pulvérisation avant floraison ou en traitement de semences.
Puissance du lobby agricole
L’Union nationale de l’apiculture française a aussitôt salué « une avancée importante » et réclame « une refonte urgente de la réglementation ».
La logique voudrait qu’elle intervienne rapidement, ce sont en effet les ministres de l’Agriculture et de la Transition énergétique qui avaient saisi l’Anses. Le moins qu’ils puissent faire serait de suivre son avis. Reste que les lobbys de l’agriculture intensive sont à l’affût. En 2014 déjà, quand le ministre de l’Agriculture d’alors a voulu imposer que les pulvérisations de pesticides n’aient lieu qu’à la tombée de la nuit, une mesure proposée par l’Anses, il a reculé face à la levée de boucliers de la FNSEA, le principal syndicat agricole. Ses successeurs oseront-ils l’affronter ? Le déclin préoccupant des abeilles l’impose, c’est la survie de ces indispensables pollinisateurs qui est en jeu.