Elsa Casalegno
Produits véganesDes appellations trop souvent trompeuses pour le consommateur
Mode passagère ou inflexion durable du menu, la demande en produits végétariens et végétaliens se développe, et les fabricants de l’agroalimentaire y répondent. La Répression des fraudes (DGCCRF) s’est penchée sur ces nouveaux produits. Bilan : une clarification des termes utilisés s’imposerait. En effet, elle constate « l’usage de dénominations de vente et de présentation qui peuvent tromper le consommateur lors de son achat ».
Tout en affirmant leur volonté de se substituer à une alimentation carnée, les produits végétariens et végétaliens « cultivent souvent l’ambiguïté avec ceux d’origine animale qu’ils visent à remplacer et utilisent des dénominations de vente ou des allégations empruntées au registre de la cuisine traditionnelle ». C’est peut-être un moyen de gagner des consommateurs encore attachés à un bon steak de bœuf, mais vanter simultanément la nature végétale et l’inspiration animale brouille les pistes. Pour la DGCCRF, certaines « dénominations peuvent être qualifiées de trompeuses ». Elle énumère ainsi les références à :
- des produits laitiers : « fromages vegan », « lait de chanvre » ;
- des produits carnés : « filet végétal façon canard », « bacon vegan », « jambon roulé aux herbes » ;
- des produits de la mer : « bâtonnets de poissons panés », « filet de saumon végétal » ;
- du chocolat : « lapin de Pâques en chocolat au lait végétal » ;
- du miel : « sirop au goût de miel et de caramel ».
Des termes protégés
Parmi ces appellations, certaines sont définies réglementairement. C’est le cas du fromage, mais aussi du yaourt, du beurre et de la crème, qui doivent être obtenus à partir de matières d’origine exclusivement laitière. C’est aussi le cas du lait, à l’exception du lait d’amande et du lait de coco. Le miel et le chocolat sont également encadrés (décrets 2003/587 du 30/06/2003 et décret du 13 juillet 1976) : le chocolat au lait doit contenir du « vrai » lait, et le miel est « la substance sucrée naturelle produite par les abeilles de l'espèce Apis mellifera », à l’exclusion de toute autre substance.
Si la filière laitière a réussi à protéger les noms de ses produits, il n’en va pas de même des termes liés à la viande et aux poissons. « Aucune dénomination carnée n’est actuellement protégée », a confirmé l’interprofession bovine à Que Choisir. Un article en ce sens avait été intégré dans la loi Égalim, mais il a été retoqué par le Conseil constitutionnel (qui a jugé que cet article n’était pas assez en rapport avec l’objet initial de la loi).
Ça fait cher l’ersatz
La DGCCRF constate également que le prix des produits végétaux est « parfois 2 à 4 fois plus élevé que celui de leurs équivalents d’origine animale ». Elle avance quelques explications : le coût de certaines matières premières utilisées dans les préparations (noix de cajou, amandes, etc.), des aliments souvent bio, mais aussi des produits souvent très transformés ayant nécessité des investissements importants en recherche et développement.
Pas que du bon pour la santé
Côté équilibre alimentaire, il ne faudrait pas oublier que ce ne sont pas des produits d’origine animale : trop souvent, ils ne contiennent pas assez de protéines et surtout de vitamine B12 et de fer – même si par ailleurs ils peuvent présenter un intérêt. Enfin, il convient de rester vigilant vis-à-vis de certains produits. Ainsi, les tests que nous avons réalisés en 2019 ne plaident pas pour les préparations à base de soja, trop riches en isoflavones, des phytohormones potentiellement perturbateurs endocriniens.
23 % d’anomalies
Les contrôles effectués dans 374 établissements (grandes surfaces, commerces de détail, quelques producteurs locaux) par la DGCCRF, ont donné lieu à 2 procès-verbaux pénaux, 18 injonctions et 66 avertissements.
→ Rappel : Labels et glossaire de l’alimentation