ACTUALITÉ

Produits ménagersBientôt un score sanitaire et environnemental ?

On commence à avoir l’habitude de voir, sur les emballages, une note de A à E évaluant les valeurs nutritionnelles ou les impacts sanitaires et environnementaux des produits. Un score est aussi à l’étude pour les produits ménagers.

Pour les produits alimentaires, il y a déjà le Nutri-Score, qui note leur valeur nutritionnelle, ou l’Eco-Score et le Planet-Score, qui se concentrent sur leurs impacts environnementaux. Dans l’électroménager, on s’est habitué à consulter l’étiquette énergie, qui nous renseigne sur la performance énergétique et l’impact environnemental des appareils. Dans certaines catégories s’ajoute encore l’indice de durabilité (remplaçant peu à peu celui de réparabilité) qui nous informe sur la facilité à les conserver fonctionnels longtemps.

Bref, les notes se multiplient ces dernières années sur les emballages de nos produits, quasi toujours d’ailleurs sous la forme d’une fourchette de A à E sur un fond de couleur allant du vert au rouge.

Vaste chantier !

La liste devrait s’allonger encore. L’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) a publié un avis sur l’élaboration d’une méthodologie de calcul en vue de mettre en place une nouvelle notation, cette fois-ci sur les dangers sanitaires et environnementaux des produits ménagers. Plusieurs types de produits ont été pris en compte : les lessives, les produits d’entretien pour la vaisselle, les sanitaires, les surfaces, mais aussi les insecticides, les répulsifs, les désodorisants d’atmosphère…

L’Anses a été saisie dès décembre 2021 par ses autorités de tutelle pour réaliser ce travail, dans le cadre duquel elle a d’ailleurs auditionné l’UFC-Que Choisir. L’association a effectivement lancé QuelProduit, une application gratuite pour smartphone qui permet, entre autres, de décrypter les recettes des produits ménagers et d’évaluer leur dangerosité pour la santé. À travers nos tests, nous attirons aussi régulièrement l’attention sur la présence d’ingrédients problématiques dans les détergents, la faiblesse des réglementations en vigueur et le manque d’information des consommateurs. Nous l’avons encore fait en octobre dernier au sujet des parfums contenant des substances allergisantes.

Deux méthodes proposées par l’Anses

Pour renforcer la visibilité des étiquetages, le groupe de travail mis sur pied par l’Anses a élaboré deux méthodes de catégorisation de ces produits ménagers. Sur la forme, elles reprennent les mêmes codes que les indicateurs existants, avec une notation de A à E, ce dernier étant le plus pénalisant. Ces deux méthodes donnent aussi deux scores : l’un concerne la santé, l’autre l’environnement.

Elles se distinguent sur la façon d’évaluer ces produits. La première, appelée « approche par substance », consiste à analyser la nocivité de chaque substance présente dans la composition d’un produit, au regard de sa concentration et de sa dangerosité intrinsèque. « Les dangers sont cotés relativement les uns par rapport aux autres selon leur niveau de gravité estimé via un jugement d’experts », explique l’Anses.

La méthode adopte une « approche par produit » et s’appuie sur le règlement CLP (classification, labelling, packaging) qui définit les règles européennes en matière de classification, d’étiquetage et d’emballage des produits. Ce règlement répertorie les produits ménagers selon une trentaine de dangers, qu’ils soient physiques (explosifs, gaz sous pression, liquides inflammables, etc.), pour la santé (toxicité aiguë, corrosion cutanée, cancérogénicité…) ou pour l’environnement. La seconde méthode construit principalement sa grille de notation de A à E à partir de cette classification.

Dans les deux cas, les méthodes s’intéressent tout particulièrement à la présence de certaines substances préoccupantes, précise l’avis de l’Anses : « Celles qui ont, pour la santé ou l’environnement, des propriétés cancérogènes, mutagènes, reprotoxiques, allergisantes respiratoires ou de perturbation endocrinienne et, plus spécifiquement pour l’environnement, qui sont classées comme persistantes, bioaccumulables et toxiques. »

En plus de ces critères toxicologiques, l’Anses propose aussi de tenir compte des méthodes d’utilisation des produits : un spray expose plus les consommateurs qu’un gel en raison de ses composants volatils, par exemple.

Une expérimentation à grande échelle ?

Testées sur 72 produits ménagers, ces deux méthodes ont donné des résultats très similaires. Elles se sont toutes deux révélées particulièrement pénalisantes sur le volet santé : environ 80 % des produits ont été classés E, contre 20 % pour le volet environnemental.

Dans les deux cas, ces méthodes ont des limites. Le groupe de travail de l’Anses pointe notamment la difficulté à prendre en compte l’impact des substances chimiques sur les écosystèmes, par exemple (ce qui expliquerait le petit nombre de mauvaises notes sur le volet environnemental). Il n’est pas simple non plus de prendre en compte les effets liés aux mélanges entre substances, les fameux « effets cocktail ». Par ailleurs, le grand nombre de mauvaises notes attribuées aux produits testés témoigne des exigences de ce groupe d’experts mis sur pied par l’Anses. D’un côté, ces mauvais résultats pourraient pousser les industriels à améliorer la composition de leurs produits. C’est le but de ces notations. Mais, de l’autre, ces deux méthodes, appliquées ainsi, risquent de ne pas être assez discriminantes pour permettre aux consommateurs de faire un choix éclairé.

Bref, ces propositions restent à affiner, l’Anses ne donnant pas une préférence à l’une ou l’autre méthode à ce stade. L’agence recommande qu’elles fassent toutes deux l’objet d’une phase d’expérimentation à grande échelle.

Fabrice Pouliquen

Fabrice Pouliquen

Soutenez-nous, rejoignez-nous

La force d'une association tient à ses adhérents ! Aujourd'hui plus que jamais, nous comptons sur votre soutien. Nous soutenir

image nous soutenir

Newsletter

Recevez gratuitement notre newsletter hebdomadaire ! Actus, tests, enquêtes réalisés par des experts. En savoir plus

image newsletter