Élisabeth Chesnais
Prix du gazSursis très temporaire
Les tarifs réglementés du gaz restent inchangés ce 1er octobre. Un soulagement pour les usagers après 20 % de hausse en 18 mois, mais ce n’est que partie remise. Il faut désormais modifier le mode de révision du tarif réglementé.
Il y a vraiment quelque chose de louche dans les tarifs du gaz. Car en 18 mois, on a pu observer d’un côté une chute vertigineuse des prix de gros, et de l’autre une augmentation inflationniste des tarifs facturés aux usagers, de plus de 20 %. Et GDF Suez osait même réclamer une nouvelle hausse de 5 % au 1er octobre. À 7 mois de l’élection présidentielle, le gouvernement a dit non, au grand soulagement des consommateurs.
Mais ce refus opposé à GDF Suez, refus réclamait par l’UFC-Que Choisir à travers une lettre ouverte au ministre de l’Industrie et de l’Energie, ne règle en rien le vrai problème de fond. Cette tendance inflationniste vient en effet de la formule de calcul officielle qui fixe les révisions du tarif réglementé du gaz. Elle est basée sur les prix du pétrole, alors que ceux du gaz ne suivent plus du tout la même évolution. Car si Gaz de France, à l’origine, s’approvisionnait grâce à des contrats de long terme effectivement indexés sur les prix du pétrole, les temps ont bien changé. Son successeur GDF Suez a renégocié en partie ces contrats et a surtout beaucoup augmenté sa part d’approvisionnement sur les marchés de court terme. Selon un document de la Commission de régulation de l’énergie (CRE), c’est 40 % de l’approvisionnement de GDF Suez qui se fait désormais hors contrats de long terme.
Or, si une révision de la formule de calcul est effectivement intervenue en 2010, notamment à la demande de l’UFC-Que Choisir qui dénonçait une formule obsolète, la Commission de régulation de l’énergie s’est arrêtée au milieu du gué. Elle a modifié la formule de révision en introduisant une prise en compte des prix de marché à court terme du gaz à hauteur de seulement… 9,5 % ! Très insuffisant et sans rapport avec la réalité de l’approvisionnement de GDF Suez.
Une nouvelle révision de la formule tarifaire est programmée, les usagers sont en droit d’attendre qu’elle reflète les coûts réels d’approvisionnement plutôt que les intérêts de GDF Suez.