Élisa Oudin
Prêts immobiliersDes emprunteurs lésés
Certains emprunteurs d’Invest Immo (filiale de BNP Paribas) sont déconcertés. Le montant de leur prêt souscrit dans le cadre d’un investissement locatif défiscalisé subit une forte hausse. En cause : l’affaiblissement de l’euro face au franc suisse. Des clients considèrent avoir été mal conseillés.
Après le scandale du Crédit Foncier et celui des dettes des collectivités publiques, c’est au tour de clients d’Invest Immo (filiale de BNP Paribas) de voir leur capital restant dû augmenter, avec un taux d'intérêt de départ autour de 4 %. En cause, l’affaiblissement insoupçonné de l’euro face au franc suisse. Mais que vient faire le franc suisse dans cette histoire ? C’est justement toute la question.
Les prêts mis en cause ont été souscrits pour l’acquisition d’un logement dans le cadre d’un investissement locatif défiscalisé. Fixe pendant plusieurs années, le taux devient variable ensuite. Mais surtout et très curieusement, l’emprunt est effectué en franc suisse, alors qu’il est remboursable en euros. Si l’euro augmente par rapport au franc suisse, l’amortissement du capital est plus rapide. Si c’est le franc suisse qui augmente, c’est l’inverse. Et si les deux monnaies restent stables, il n’y a aucune incidence pour le client. Cette dernière hypothèse est celle qui a eu cours historiquement. Pour emporter l’adhésion des clients, les conseillers ont d’ailleurs présenté des tableaux illustrant cette belle stabilité. Mais depuis janvier 2010 et la crise de l’euro, cette situation a volé en éclat.
« Spéculation sur le dos des clients »
Pour l’instant, la mensualité des clients ne change pas. Il est prévu au contrat qu’en cas de hausse du franc suisse , c’est le capital restant dû qui augmente. Il n’en reste pas moins que les emprunteurs s’alarment. Si l’euro reste à un niveau faible par rapport au franc suisse, la somme à rembourser en une seule fois à la fin du prêt pourra se révéler très importante. Nathalie I., une cliente de ce prêt, témoigne ainsi d’une augmentation de son capital restant dû de 80 000 € mi-septembre. Pour le Collectif des victimes du crédit Helvet Immo, toute cette opération représente « une offre commerciale qui vise à spéculer sur le cours des devises sur le dos des clients, sans que ceux-ci aient été clairement avertis des risques encourus. C’est un défaut de conseil flagrant ». Ce manquement reste cependant encore difficile à prouver, les clients manquant d’éléments matériels sur « l’absence d’information quant aux risques de l’opération ». Des appels à témoins ont été lancés par le collectif des plaignants pour récupérer un maximum d’éléments. L'UFC-Que Choisir a, quant à elle, déjà reçu plusieurs dossiers. Informations à suivre…