Elsa Casalegno
Plus forte hausse en alimentation depuis le début de la crise
La hausse des produits alimentaires en grande surface a atteint 19 % en avril sur 1 an, une ampleur inédite. Le « trimestre anti-inflation » n’a pas vraiment eu l’effet escompté, malgré les satisfecit du gouvernement…
La ministre déléguée chargée du Commerce, Olivia Grégoire, s’est fait accompagner de la Première ministre en personne pour faire le bilan du premier mois du « trimestre anti-inflation » décrété par le gouvernement. Le 14 avril, elles se sont déplacées dans un magasin U, twittant sur « l’efficacité du dispositif ». Olivia Grégoire a estimé que les prix ont baissé de 5 % en grande surface, et même de 7 % chez U, « sur la sélection de produits concernés ». Précision utile…
Hausse de 10 % en 3 mois
Nous avons vérifié ce qu’il en était, non pas sur 150 produits sélectionnés par l’enseigne, mais sur un panier de 276 produits représentatifs des achats de ménages, entre le 13 janvier (soit avant le début des diverses opérations anti-inflation) et le 13 avril. Résultat, parmi les principaux distributeurs, c’est justement Super U qui a le plus augmenté ses tarifs au cours de ces 3 mois, avec une hausse globale de 10 % ! À titre de comparaison, le plus modéré sur cette même période est E. Leclerc, qui n’a pas participé à l’opération « trimestre anti-inflation » mais contient la hausse à 3 %...
Il est donc quelque peu présomptueux de vanter le succès du dispositif anti-inflation, sachant que les prix alimentaires en grandes surfaces se sont accrus de 19 % en avril par rapport à avril 2022, une hausse d’une ampleur inédite depuis quatre décennies !
Les produits animaux et l’épicerie, les plus inflationnistes
Les produits laitiers, l’épicerie, les viandes et poissons sont les catégories les plus inflationnistes sur 1 an. Les plus modérées sont les eaux, sodas et alcools – affichant tout de même 10 % de hausse en 1 an.
Une inflation globale à 7,6 %
Les prix alimentaires tirent l’inflation globale à la hausse. Elle atteint +7,6 % en avril par rapport à avril 2022, une valeur supérieure à celles des mois précédents (excepté février, à 7,7 %).
Si les tarifs de l’énergie se stabilisent ‒ quoique à des niveaux élevés ‒, les services subissent le contrecoup de l’inflation : les forfaits, les transports, l’équipement de la maison mais aussi la santé affichent désormais des hausses de 7 à 9 %.
Méthodologie
Que Choisir évalue le taux d’inflation mois par mois, à partir de ses propres observations. Pour près de 40 % des dépenses de consommation, nous disposons de données permettant d’évaluer des variations mensuelles de prix, basées sur nos relevés effectués en grandes surfaces (pour l’alimentation, la boisson et l’hygiène-beauté), ainsi que sur les offres tarifaires tirées de nos comparateurs de prix (énergie, carburants, mutuelles, forfaits mobiles, fournisseurs d’accès à Internet, assurances habitation, banques, équipements électroménagers). Chaque prix est ensuite pondéré par la fréquence d’achat et agrégé dans une moyenne générale.
Pour les autres postes de dépenses (loyer, dépenses de logement et de transport, hôtels et restauration, loisirs, habillement et santé), Que Choisir se réfère aux évaluations de l’Insee.
Attention : par convention, les variations de prix sur une période (par exemple pour le mois de mai 2022) sont calculées par rapport à la même période de l’année précédente (le mois de mai 2021). Ceci afin de s’affranchir des mouvements saisonniers des tarifs (par exemple ceux des fruits et légumes, très dépendants de la saison et des conditions de récolte).