Elsa Casalegno
Rebond estival de l’inflation
Après un léger répit, l’inflation repart à la hausse (6,2 % contre 5,7 % en juillet). Elle reste avant tout portée par les produits du quotidien (alimentation et hygiène), et de nouveau par l’électricité.
Nous n’en avons pas fini avec l’inflation. D’après nos relevés, l’augmentation des prix est de 6,2 % en août par rapport à août 2022, alors qu’elle n’était « que » de 5,7 % en juillet.
Porté par la hausse de 10 % des tarifs réglementés (effective depuis le 1er août), le poste « électricité » enregistre un rebond de l’inflation ce mois-ci (+27 % sur 1 an). En revanche, le fioul recule, tandis que le gazole reste stable et que l’essence augmente légèrement.
Les prix alimentaires sur un plateau
Concernant les produits de grande consommation (alimentation et hygiène/beauté/droguerie), les étiquettes ne bougent plus, ou très peu, depuis le mois de mai. Pour autant, la baisse des prix annoncée par les distributeurs n’est pas perceptible : les promotions sur quelques références, largement mises en avant par les enseignes, ne suffisent pas à faire baisser la facture à la caisse.
Désormais, se nourrir coûte 25 % plus cher qu’en janvier 2022. À moins de se restreindre en renonçant à certains aliments les plus onéreux (viande, poisson, fromages, etc.) et à réduire les volumes achetés, comme le font de plus en plus de Français. Selon une récente étude de NielsenIQ, entreprise spécialiste de la consommation, un tiers des ménages limite déjà les « dépenses en nourriture et autres produits alimentaires essentiels ».
La rentrée scolaire s’annonce également douloureuse pour les parents d’élèves, face aux augmentations enregistrées par les fournitures scolaires (+11 %).
Un « ralentissement de l’augmentation » qui reste à démontrer
Mais que les consommateurs se rassurent, Bruno Le Maire « a obtenu de premières baisses de prix » des produits alimentaires, affirmait-il ce 29 août lors d’une séance de micros tendus. Le ministre de l’Économie a aussi observé « un ralentissement de l’augmentation de certains prix ». Un constat limpide... Tout autant que celui de l’Insee, qui notait cet été que « sur 1 an, les prix des produits de grande consommation vendus dans la grande distribution ralentissent pour le 3e mois consécutif ». C’est-à-dire ? Les prix reculent ? Sûrement pas, les Français peuvent le vérifier en faisant leurs courses. Alors c’est peut-être l’inflation qui recule ? Toujours selon l’Insee, la hausse des prix en grande surface n’est que de 12,5 % en juillet, contre 13,8 % en juin, 14,6 % en mai et 15,1 % en avril. Il s’agirait donc d’une inflation moins importante. Sauf que la même note souligne que, « en juillet 2023, les prix des produits de grande consommation vendus dans la grande distribution sont en hausse de 0,3 % sur 1 mois », alors qu’ils avaient augmenté de « 0,2 % en juin », donc une hausse de moindre ampleur… À vouloir faire croire que tout va mieux, on finit par s’emmêler les pinceaux !
D’autant que ces chiffres ne donnent pas une idée claire de la situation. En effet, le référentiel de calcul se décale chaque mois. Ainsi, les données de juillet 2023 sont comparées à celles de juillet 2022, période au cours de laquelle l’inflation avait fait un bond : en comparaison, 2023 semble donc moins se détériorer. En prenant janvier 2022 comme unique référence, on constate que le coût de la vie a augmenté de 12 % depuis 1 an et demi.
Industriels et distributeurs se renvoient la balle
Bruno Le Maire et Olivia Grégoire, la ministre déléguée au Commerce, devaient de nouveau réunir les patrons de la grande distribution ce mercredi, puis les représentants des industriels de l’agroalimentaire le lendemain, pour les persuader de faire des efforts supplémentaires, avec des baisses de tarifs de plus grande ampleur sur davantage de produits. Mais lesquels doivent réduire leurs prétentions tarifaires, alors qu’ils se renvoient la balle depuis des mois ?
Invité de France Info le 29 août, le patron de Carrefour, Alexandre Bompard, a accusé les grandes multinationales de ne pas répercuter les baisses des cours des matières premières ‒ sans doute à raison. Mais il a oublié de mentionner les excellents résultats financiers du groupe qu’il dirige, qui engrange un résultat net de 326 millions d’euros, en progression de 5,1 % au premier semestre 2023 – de quoi réjouir ses actionnaires, mais peut-être moins ses clients…
Méthodologie
Que Choisir évalue le taux d’inflation mois par mois, à partir de ses propres observations. Pour près de 40 % des dépenses de consommation, nous disposons de données permettant d’évaluer des variations mensuelles de prix, basées sur nos relevés effectués en grandes surfaces (pour l’alimentation, la boisson et l’hygiène-beauté), ainsi que sur les offres tarifaires tirées de nos comparateurs de prix (énergie, carburants, mutuelles, forfaits mobiles, fournisseurs d’accès à Internet, assurances habitation, banques, équipements électroménagers). Chaque prix est ensuite pondéré par la fréquence d’achat et agrégé dans une moyenne générale.
Pour les autres postes de dépenses (loyer, dépenses de logement et de transport, hôtels et restauration, loisirs, habillement et santé), Que Choisir se réfère aux évaluations de l’Insee.
Attention : par convention, les variations de prix sur une période (par exemple pour le mois de mai 2022) sont calculées par rapport à la même période de l’année précédente (le mois de mai 2021). Ceci afin de s’affranchir des mouvements saisonniers des tarifs (par exemple ceux des fruits et légumes, très dépendants de la saison et des conditions de récolte).