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Pollution de l’airFaut-il s’inquiéter du mercure ?

Neurotoxique, le mercure est un métal redoutable qu’il vaut mieux éviter de respirer. La population y est-elle exposée à l’extérieur ? Airparif a mené une campagne d’analyses en Île-de-France.

En 2008, quatre tonnes de mercure ont été rejetées dans l’air en France : un chiffre qui a de quoi inquiéter, car la toxicité de ce métal est bien établie. Mais il existe peu de données sur les teneurs en mercure de l’air extérieur autour des sites qui en envoient dans l’atmosphère. Chargé de la surveillance de la qualité de l’air en Île-de-France, Airparif vient de combler ce manque en menant une campagne d’analyses à proximité de deux installations très émettrices : d’une part, l’incinérateur de déchets ménagers de Créteil (94), le plus gros émetteur industriel francilien (28 kg de mercure rejetés dans l’air par an), d’autre part, le crématorium du cimetière du Père-Lachaise (Paris, XXe arrondissement), qui en émet 10 kg par an (mercure des amalgames dentaires et des corps). Les teneurs relevées à proximité ont été comparées aux concentrations ambiantes enregistrées sur le territoire, soit 1,7 nanogramme par mètre cube d’air (ng/m3).

Résultat, sur les 5 semaines d’analyses en quasi continu avec une mesure tous les quarts d’heure, la concentration moyenne à proximité des deux sites est du même ordre qu’ailleurs, soit 1,7 ng/m3. Airparif a néanmoins relevé des valeurs maximales 2 à 4 fois supérieures dans certaines conditions de vent et en fonction du taux d’activité des sites. Quelques pics horaires de 3,5 ng/m3 ont été enregistrés pour l’incinérateur, et le niveau est monté à 6,6 ng/m3 au voisinage du crématorium.

Ces concentrations extrêmement basses relevées à proximité de ces sources importantes d’émission de mercure sont plutôt rassurantes. Leur impact sur la qualité de l’air s’avère limité. Les teneurs maximales mesurées restent en effet plus de 100 fois inférieures à la valeur moyenne annuelle de 1 µg/m3, soit 1 000 ng/m3, recommandée comme limite par l’OMS, l’Organisation mondiale de la santé. Et la marge de sécurité reste importante même si l’on se base sur la valeur cible de 50 ng/m3 proposée en 2003.

Limitez vos rejets de mercure

Malgré ces mesures plutôt rassurantes, éviter tout rejet de mercure s’impose. À domicile, il se trouve dans les thermomètres médicaux d’ancienne génération, les piles bouton et les ampoules fluo compactes. Aucun risque tant que tout cela fonctionne : c’est l’élimination qui pollue. Il faut donc oublier la poubelle, surtout ne pas jeter mais rapporter son vieux thermomètre à la pharmacie, ses piles et ses ampoules basse consommation en magasin quand on doit les changer. Leur reprise est obligatoire et gratuite.

En cas de casse d’une ampoule fluocompacte, il faut prendre quelques précautions du fait du mercure, comme « Que Choisir » l’explique régulièrement lors des tests d’ampoules et encore ce mois-ci (no 490, mars 2011). Ouvrir grand la fenêtre pour ne pas en respirer, puis ramasser les éclats en les scotchant sur un adhésif ou au balai, et surtout pas avec l’aspirateur. La CSC, la Commission de sécurité des consommateurs, vient d’ailleurs de donner ce même conseil dans un avis sur les fluocompactes.

Élisabeth Chesnais

Élisabeth Chesnais

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