Yves Martin
PneusL’étiquetage est à revoir !
Obligatoire depuis fin 2012, l’étiquette de performances apposée sur les pneus devait permettre de comparer les produits entre eux. Pourtant, nos tests montrent des incohérences et prouvent qu’elles ne sont pas vraiment fiables.
Depuis plus de deux ans, chaque pneumatique vendu en France doit arborer une étiquette énergétique. Elle doit ainsi indiquer l’efficacité du freinage sur route mouillée, la résistance au roulement et le niveau de bruit. Si sur le papier l’initiative semblait être un bon moyen pour aider les particuliers à choisir des pneus, dans la réalité c’est une autre affaire. Ainsi, comme nous le supposions à l’époque dans notre enquête, avant même l’entrée en vigueur de l’étiquetage, il s’avère qu’il n’est pas représentatif de la qualité d’un pneu.
Des critères trop peu nombreux
L’étiquette est inadaptée à la comparaison de deux pneus pour plusieurs raisons. Tout d’abord parce que le nombre de critères pris en compte est insuffisant. En effet, il faut savoir qu’un pneu doit répondre à plusieurs dizaines de critères concernant la tenue de route et le freinage en ligne droite mais aussi en virage, le maintien lors des sollicitations longitudinales et transversales, l’usure, le bruit, le confort, la déformation… Aussi, répondre correctement aux trois critères du label ne garantit pas d’avoir un pneu véritablement performant. En outre, comme nous le confirme un équipementier, « il est possible de concevoir des enveloppes particulièrement adaptées aux épreuves exigées, au détriment des autres critères non moins importants ». Notre test de pneus été l’a également mis en évidence. En effet, le dernier pneu dans la dimension 205/55 R 16 de notre classement, qui affiche pourtant une étiquette assez valorisante avec C/B/72, a été disqualifié. Cette enveloppe, qui résiste plutôt bien à l’aquaplaning, le seul critère mesuré pour l’attribution de la note sur l’étiquette, possède un mauvais comportement sur les autres critères de tests sur route mouillée. À l’inverse, des pneus classés « C » en performance sur le mouillé arrivent à se positionner dans le milieu du classement, ce qui témoigne d’un comportement global moyen.
Étiquette parfois même pessimiste
Et, si l’étiquette ne reflète pas fidèlement les performances d’un pneu, c’est aussi parce qu’au fil du temps, elle n’a pas été réactualisée. En effet, un manufacturier nous a confié qu’au cours de la vie d’un pneu, il se peut que certains composants ou solutions techniques évoluent et améliorent les performances d’une enveloppe. Pourtant, certains ne repassent pas les tests pour modifier l’affichage de l’étiquette. Ce manufacturier précise qu’en effet, l’attribution d’une étiquette se fait soit par le manufacturier lui-même, s’il a investi dans le matériel adéquat, soit par un organisme indépendant comme l’UTAC en France. Mais de préciser qu’il en coûte en moyenne 4 000 € par type de pneu et que tous les manufacturiers ne font pas l’investissement. Donc, à défaut d’avoir une étiquette qui correspond aux performances réelles du pneu, le consommateur peut dans certains cas se retrouver avec un pneu plus performant qu’annoncé sur l’étiquette.
Si l’étiquette d’un pneu a l’avantage d’apporter un premier décryptage aux consommateurs, pour s’assurer un achat serein, il est plutôt conseillé de se référer à nos tests indépendants et de prendre conseil auprès d’un revendeur spécialisé.