Morgan Bourven
Sony condamné pour avoir limité l’utilisation de manettes non officielles
L’Autorité de la concurrence a infligé à Sony une sanction de 13,5 millions d’euros pour avoir abusé de manière « particulièrement grave » de sa position dominante en limitant l’utilisation de manettes PlayStation 4 (PS4) produites par des sociétés tierces.
Décidemment, les manettes de consoles de jeux vidéo font parler d’elles, et pas en bien ! Après l’obligation faite à Nintendo par la Commission européenne de prendre en charge gratuitement la réparation des Joy-Con de la Switch (après un combat de plus de 3 ans initié par l’UFC-Que Choisir), c’est désormais Sony qui se fait taper sur les doigts, cette fois par l’Autorité de la concurrence.
Cette dernière a annoncé le 20 décembre avoir infligé une sanction pécuniaire de 13,527 millions d’euros contre le groupe japonais pour abus de position dominante. L’autorité reproche à Sony d’avoir mis en place des contre-mesures techniques visant à déconnecter de la PS4 les manettes non produites et non licenciées par la marque, qui sont souvent vendues bien moins cher que les manettes officielles.
L’Autorité de la concurrence rapporte que Sony a, entre novembre 2015 et avril 2020 – soit pendant la majeure partie du cycle de vie de la PS4 – déployé un dispositif « de contre-mesures techniques, prétendument mis en œuvre pour lutter contre la contrefaçon, et qui a eu pour effet d’affecter le bon fonctionnement des manettes de jeux tierces, conduisant régulièrement à leur déconnexion lors des mises à jour du système d’exploitation de la console ». Si la lutte contre la contrefaçon est légitime, ces mesures étaient disproportionnées car elles touchaient l’ensemble des manettes non officielles, juge l’autorité. En outre, elle récuse l’argument de Sony selon lequel toute manette non officielle serait assimilable à de la contrefaçon.
La seconde pratique sanctionnée est le flou entourant la politique de Sony en termes d’octroi de licence. « L’Autorité a constaté que les critères d’accès à la licence et aux numéros d’identification n’étaient pas communiqués à tous les fabricants qui en faisaient la demande et pouvaient se prêter, par leur imprécision, à une application discrétionnaire », peut-on lire dans le texte de la sanction. Le fabricant français d’accessoires Subsonic n’a ainsi, comme d’autres fabricants, jamais pu obtenir les critères d’adhésion de la part de Sony.
Pour l’Autorité de la concurrence, ces deux pratiques ont nui à l’image de marque des fabricants tiers. « Les utilisateurs mécontents ont été découragés d’acheter des manettes des fabricants tiers hors licence [et] leurs commentaires négatifs ont pu dissuader d’autres utilisateurs de procéder à un tel achat, de sorte que ces nouveaux acheteurs ont logiquement reporté leur choix sur une manette Sony ou approuvée par cette dernière dans le cadre du programme de licence », souligne la décision.
Rolex aussi
L'Autorité de la concurrence a infligé dans le même temps une amende bien plus conséquente (91,6 millions d'euros) à la filiale française du fabricant de montres Rolex pour avoir interdit à ses distributeurs de vendre ses produits en ligne pendant plus de 10 ans. Selon le gendarme de la concurrence, « les stipulations du contrat de distribution sélective liant Rolex France à ses distributeurs caractérisent une entente verticale restrictive de concurrence ». Des pratiques qualifiées de « graves, car elles reviennent à fermer une voie de commercialisation, au détriment des consommateurs et des distributeurs ».