Fabienne Maleysson
Plats cuisinésLa tromperie, ingrédient répandu
Les services des fraudes se sont penchés sur la façon dont les fabricants de plats cuisinés mettent en valeur leurs produits, quitte à travestir la réalité. Ils ne sont pas rentrés bredouilles !
Que ce soit par manque de temps ou par incompétence culinaire, les Français font de plus en plus appel à des produits tout préparés. Plats cuisinés mais aussi salades préemballées, sandwiches, pizzas, quiches et autres tartes salées ont le vent en poupe. Problème, les fabricants ont quelque peu tendance à survaloriser le contenu de leurs recettes. C’est ce qu’ont constaté les inspecteurs de la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) lors d’une enquête sur les « mentions et ingrédients valorisants » dans tous ces produits.
Comme nous l’avions dénoncé lors de notre test sur les plats cuisinés, les ingrédients nobles sont mis en valeur de façon disproportionnée. Ainsi, constate la répression des fraudes, la viande ou le poisson sont souvent indiqués en taille de police deux à trois fois supérieure à celle employée pour l’accompagnement alors que leur quantité est trois fois moindre. D’autres ingrédients alléchants sont souvent survendus, comme dans ce coq flambé aux champignons et riesling qui renfermait 2 % de champignons et 2 % de riesling. Dans les tartes salées, sandwiches et salades, viande ou poisson sont souvent en proportion infime. Par exemple, une tarte aux crevettes ne contenait que 4 % de crevettes. Et que dire de ce kebab « riche en lamelles de bœuf », lesquelles s’avèrent être un mélange de bœuf et de protéines végétales.
La photo aussi est fréquemment trompeuse. C’est par exemple le cas de cet emballage de lasagnes au saumon présentant un beau filet de poisson alors que c’est de la « pulpe de saumon congelé obtenu par grattage de l’arête centrale » qui est utilisée. Quant aux photos de marmites en fonte, cuillères en bois et torchons à carreau accompagnés de mentions type « maison », « recette artisanale », « à l’ancienne », « saveurs authentiques », ils concernent trop souvent des recettes où s’accumulent des ingrédients purement industriels : additifs, beurre concentré, protéines végétales, œufs liquides pasteurisés et autres arômes. Tout comme les mentions régionales n’ont parfois rien à voir avec le contenu du produit. Témoins, cette recette « provençale » élaborée avec un poisson de l’Atlantique ou cette tourte « à la bretonne » fabriquée hors de Bretagne avec des ingrédients qui n’en provenaient pas non plus et dont la recette ne correspondait à aucune recette régionale connue.
Le mieux pour éviter d’être victime de ce genre d’entourloupes ? Cuisiner soi-même.