Erwan Seznec
PlacementLes folles promesses de Marble Art Invest
Placer son argent dans l’art contemporain pour augmenter son patrimoine, c’est ce que propose la société Marble Art Invest. L’investissement est censé être sûr et très rentable. En fait, il n’en est rien.
L’Autorité des marchés financiers (AMF) a publié le 21 février un communiqué mettant les épargnants en garde contre la société Marble Art Invest, qui promet une rentabilité de 16 % par an. « Un niveau de rendement aussi élevé, tout en étant garanti, est irréaliste compte tenu du niveau actuel des taux d’intérêts », prévient l’AMF, en soulignant que la société, basée à Londres, « n’a fait l’objet d’aucune autorisation ni d’aucun agrément » et qu’elle n’a pas été « habilitée à exercer une activité de démarchage bancaire ou financier en France ». L’AMF a déjà reçu des plaintes d’épargnants à son sujet et a transmis le dossier au Parquet de Paris. Elle appelle les autres victimes potentielles à se rapprocher elles aussi du Parquet.
En revanche, le communiqué de l’Autorité ne dit pas comment Marble Art Invest se proposait d’enrichir ses clients. Cela ne manque pourtant pas de sel : il s’agissait d’investir dans de la peinture contemporaine, en achetant et en revendant très vite des toiles. L’idée de Marble Art Invest semble avoir été de doper artificiellement la cote de certains artistes en créant une demande pour leurs œuvres. Une méthode bien aléatoire pour asseoir un rendement annuel de 16 %, sans parler de quelques interrogations d’ordre déontologique…
La mise en garde de l’AMF arrive un peu après la bataille. Le site web de la société est fermé depuis plusieurs jours et ses dirigeants ne répondent plus au téléphone. « Ouest-France » a dénoncé leurs activités début février. Le quotidien breton a été amené à se pencher sur le dossier car il semble que Marble Art Invest ait fait beaucoup de victimes dans le Finistère, par l’intermédiaire de conseillers en patrimoine basés dans le département. Le principal de ces conseillers est la société Partenaires de croissance, à Brest. Son gérant, Michel Botric, assure que la centaine de ses « clients victimes de Marble Art Invest seront intégralement remboursés ».
Certains courtiers en placement finistériens, par ailleurs, ont aussi incité leurs clients à placer leur argent dans les « coopératives de petites entreprises » de Jean-Jacques Defaix. Président de l’Association d’aide contre les abus bancaires (Aacab), ce dernier a voulu se substituer aux banques en organisant un système de prêts directs des particuliers vers des PME de leur région. L’aventure semble en passe de très mal se terminer. Jean-Jacques Defaix est fortement soupçonné d’abus de biens sociaux. Son Association des coopératives des petites entreprises (ACPE) a été mise en liquidation mi-février. Elle accuserait un passif de 20 millions d’euros et aurait spolié des milliers d’épargnants.