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Placement en diamantDésillusions en série

Alors que la justice a mis en examen les responsables français de la société Stock Diamond Limited, l'Autorité des marchés financiers (AMF) lance une mise en garde contre les offres de placement dans les diamants d’investissement.

Le diamant, valeur refuge ? C'est ce qu'un certain nombre de sociétés tentent de faire croire depuis maintenant trois ans. Que Choisir avait déjà publié des mises en garde en 2014. Le début de l'année 2017 confirme que le secteur est périlleux pour les particuliers. Le 6 janvier, l'Autorité des marchés financiers (AMF) a publié un communiqué mettant « en garde le public contre les offres de placement dans les diamants d’investissement ». Ces offres présentent « une très grande incertitude ». Elles émanent de sociétés peu fiables, comme Infodiamant, Diamond Privilege, Elite Diamonds Club, Stock Diamond Limited, etc.

Très visibles sur le Web, où elles font beaucoup de publicité, ces structures sont opaques, dans le meilleur des cas, et malhonnêtes, dans le pire. Elles passent sous silence des éléments essentiels, de nature à dissuader quiconque d'investir sur ce marché atypique. Dans le diamant, il n'y a pas de cours officiels, seulement des ventes de gré à gré, basées sur des index comme le Polished Prices ou le RapNet. Les affirmations selon lesquelles le diamant progresse de 6 % par an depuis dix ans ne veulent rien dire. Les pierres sont toutes différentes, contrairement aux lingots d'or. Leur évaluation est compliquée. Un diamant de 10 carats ne vaut pas dix fois plus qu'un diamant d'un carat (0,20 g), mais 30 ou 50 fois plus, etc. Le marché du diamant industriel n'a pas grand-chose à voir avec celui du diamant de joaillerie. Les diamants de synthèse ne sont pas faciles à repérer, les risques de fraude sont élevés. Les diamantaires cultivent depuis des décennies une grande discrétion sur leurs circuits d'approvisionnement. Parler de pénurie de diamants, comme le fait par exemple le site Diamondspot, pour inciter les investisseurs à se dépêcher, n'a guère de sens. La pénurie en question est régulièrement évoquée (1) mais ne se concrétise jamais. 

Sans surprise, dans ce contexte flou, des sociétés semblent avoir franchi la ligne jaune. Début mars, les responsables français de la société Stock Diamond Limited ont été placés sous contrôle judiciaire et mis en examen pour escroquerie. Stock Diamond Limited faisait miroiter 8 % de rentabilité annuelle sur des investissements dans des pierres stockées à l'étranger. De nombreux investisseurs ont porté plainte, ne parvenant pas à récupérer leur mise. Le préjudice serait supérieur à deux millions d'euros. La branche française est à Lyon, le siège européen est à Londres et les équipes se trouveraient en Israël. Un schéma qui rappelle celui utilisé par de nombreuses sociétés du Forex (marché des changes de gré à gré), que les autorités tentent de combattre pour mettre un terme à leurs abus.


(1) Voir cet article du Monde datant de 2012.
Erwan Seznec

Erwan Seznec

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