Micaëlla Moran
Trop de noyades
L'été dernier, les baignades ont causé quatre décès par jour. La dernière enquête de l'Institut de veille sanitaire (INVS) confirme les (mauvais) résultats des années antérieures. Par ailleurs, un test réalisé par un organisme de certification sur les articles gonflables montre que la moitié d'entre eux sont impropres à la vente.
Surveillance et prudence restent les maîtres mots pour profiter de l'été. Le nombre de noyades accidentelles ne décroît pas au fil du temps, malgré les campagnes de sensibilisation annuelles. On est passé de 1 154 noyades en 2003 à 1 366 en 2009. L'été dernier, elles ont provoqué 462 décès, et 36 victimes ont gardé de graves séquelles neurologiques.
Ces noyades sont souvent évitables, en respectant quelques règles de base : entrer progressivement dans l'eau, surtout après une longue exposition au soleil, ne pas consommer d'alcool et tenir compte de sa forme physique (50 % des noyades sont dues à un problème de santé ou un épuisement). En milieu naturel, il faut se renseigner sur les courants et les marées et respecter les consignes (drapeau rouge = interdiction de se baigner). Avec les enfants, on doit redoubler de prudence : ne jamais les perdre de vue et les équiper de brassards adaptés à leur taille (norme NF 1311138-1). Attention, les bouées et matelas pneumatiques sont des jouets, pas des protections. Voire des jouets dangereux, comme le révèle une campagne d'essais menée par un organisme de certification international, TÜVRheinland. Sur les 88 articles nautiques achetés en mai dernier dans des stations balnéaires françaises, italiennes et hollandaises, 43 présentent de graves défauts. Pour la France, sur les 27 produits concernés, 16 sont impropres à la vente, essentiellement en raison d'un taux de phtalates supérieur aux limites autorisées. Des défauts de conception ou de finition ont également été relevés (valves ou petites pièces détachables pouvant être ingérées par les enfants). Les services de la Répression des fraudes français ont été informés.
Prudence partout
Question baignades, la mer reste le lieu de tous les dangers, avec 36,4 % des noyades suivies de décès. Viennent ensuite les cours d'eau, les plans d'eau, les piscines privées familiales, sans oublier les baignoires ou bassins (6 % des cas). Qu'elles soient familiales ou privées à usage collectif, enterrées ou hors sol, les piscines privées ont été à l'origine de 239 noyades (dont 122 chez les moins de 6 ans) ; 54 ont été suivies de décès (19 chez les moins de 6 ans). Pour protéger les enfants, en 2006, les pouvoirs publics ont rendu obligatoire un dispositif de sécurité (au choix : alarme, abri, barrière, couverture). En 2000, alors qu'il existait 728 000 piscines privées, on avait recensé 32 décès d'enfants ; en 2009, le parc a doublé et les décès ont baissé. Ces dispositifs ont-ils contribué à limiter noyades et décès ? L'INVS reste prudent dans ses conclusions, les données recueillies étant peu nombreuses et souvent incomplètes. De leur côté, les professionnels de la piscine rappellent systématiquement que ces dispositifs obligatoires ne peuvent se substituer à la vigilance d'un adulte et n'en sont que le complément, avec le slogan « Piscine protégée, faut quand même me surveiller ».