Yves Martin
Peugeot E-3008Premières impressions
D’abord proposé en version électrique ou hybride, le Peugeot E-3008 a été revu de fond en comble. S’il bouscule les codes en termes de style, au risque de déplaire, ce SUV compact est très agréable à conduire.
Remplacer l’actuel Peugeot 3008 commercialisé en 2016 et restylé en 2020 n’est pas une mince affaire pour le constructeur car il s’agit de son modèle phare, vendu à plus de 1 320 000 clients dans 130 pays. La nouvelle mouture du SUV compact est radicalement différente. Par le style déjà en arborant une ligne de coupé, par la technologie ensuite puisqu’il utilise une toute nouvelle plateforme conçue spécialement pour l’occasion. Même l’intérieur de la voiture est innovant.
Qualité de vie à bord
Ouvrir la porte du nouveau E-3008, c’est découvrir un intérieur résolument technologique, en totale rupture avec celui de son prédécesseur. Le nouvel écran panoramique de 21" de notre version GT (sur la finition de base Allure, il s’agit de deux écrans séparés), légèrement incurvé vers le conducteur et flottant au dessus de la planche de bord, en impose. Il est divisé en deux parties : sur la partie gauche, le combiné d’instruments programmable, qui affiche toutes les informations liées à la conduite (vitesse, consommation, aides à la conduite, flux d’énergie...) ; sur la partie droite, au centre de la planche de bord, l’espace tactile permet de gérer les systèmes de chauffage/climatisation, de navigation, de médias/connectivités, etc. Grâce à cette nouvelle configuration, le i-cockpit est enfin lisible. Ce n’est pas encore le carton plein à ce niveau si on mesure moins de 1,70 m car il faudra régler le volant en position basse pour arriver à lire la partie basse du combiné d’instruments, mais les progrès sont notables et appréciables.
Très épurée, la planche de bord accueille au centre des touches tactiles (i-Toggles) entièrement personnalisables qui permettent de programmer un accès rapide aux 10 fonctions préférées de l’utilisateur : appeler un contact, lancer la navigation vers une destination fréquente, régler la radio sur une station particulière, déterminer la température de la climatisation, etc. Le E-3008 reçoit également un nouveau volant (pour les deux finitions), encore plus petit et doté de deux méplats en parties haute et basse. Si la forme particulière du volant ne nous a pas dérangé, certains conducteurs ne l’ont pas trop apprécié lors des manœuvres. Ce dernier est également doté de nouvelles touches tactiles et cliquables (il faut appuyer dessus pour valider une action) afin d’éviter toute fausse manipulation. L’ergonomie générale est donc d’un bon niveau et la voiture est facile à prendre en main. La finition est d’un très bon niveau même si nous avons relevé des matériaux durs par endroits, notamment au niveau de la console centrale.
Avec 520 litres de volume de chargement, le coffre est moyen et de nombreux concurrents font mieux que le E-3008 : 545 litres pour le Citroën C5X et 543 litres pour la Volkswagen ID4. On regrette également que le plancher ne soit pas plat une fois la banquette arrière rabattue.
Enfin, si l’on constate agréablement que la ligne particulière du SUV ne grève pas trop l’habitabilité arrière, les occupants jusqu’à 1,85 m disposeront de suffisamment de garde au toit, on regrette que la visibilité vers l’arrière soit insuffisante.
Au volant
Pour sa commercialisation, le nouveau E-3008 est disponible en version électrique de 210 ch (157 kW) ou hybride (dotée du 3 cylindres essence 1.2 de 136 ch et d’une boîte automatique à double embrayage). Une version hybride rechargeable arrivera plus tard avec d’autres motorisations électriques : une version à quatre roues motrices (avec deux moteurs électriques) de 235 kW/320 ch offrant une autonomie de 525 km et une autre de 170 kW/230 ch Long Range permettant, sur le papier, de parcourir 700 km.
Nous avons pris le volant de la version électrique de 210 ch. Elle est équipée d’un moteur électrique de 157 kW associé à une batterie haute tension lithium-ion de 400 volts, de composition chimique NMC (nickel, manganèse et cobalt) et d’une capacité utile de 73 kWh. De quoi rouler, selon le constructeur, 527 km avec une consommation moyenne de 14 kW/100 km (1). Comme à l’accoutumée avec les annonces des constructeurs, nous n’arriverons pas à ce résultat. En conduite souple, en variant toutefois les modes de conduite éco et normal, nous avons consommé une moyenne de 17,9 kWh sur un trajet de 120 km avec un peu d’autoroute et des routes urbaines. Ce qui nous amène à une autonomie maximum de 400 km. À noter que le nouveau 3008 est le premier modèle du constructeur à proposer un planificateur de trajet intelligent. Ce dernier propose des arrêts de recharge actualisés en fonction de la conduite, de l’itinéraire et, bien sûr, de la consommation. Le E-3008 reçoit également des palettes au volant. Elles ne sont pas là pour gérer la boîte de vitesses comme on a l’habitude de le voir mais pour régler le niveau de récupération d’énergie au freinage sur 3 niveaux. Un petit regret : Peugeot n’a pas souhaité intégrer la fonction One Pedal qui permet de s’arrêter sans avoir à toucher la pédale de frein.
Sur route et autoroute, nous avons particulièrement apprécié le silence de fonctionnement. Les bruits de roulement et aérodynamiques sont très bien maîtrisés et le calme règne à bord. Dans ces conditions, les suspensions sont aussi très efficaces et assurent un très bon confort pour tous les passagers. Cela se gâte un peu à basse vitesse lorsque la chaussée se dégrade. Les occupants arrière seront alors un peu malmenés en raison d’une fermeté excessive de l’amortissement. Et, lorsque la route devient sinueuse, on ressent tout de suite l’embonpoint du SUV. Les 2 100 kg de l’engin le rendent alors un peu pataud. En ville, nous avons apprécié le faible rayon de braquage mais attention, la visibilité vers l’arrière est perfectible et les manœuvres peuvent s’avérer délicates.
Sécurité
Outre les systèmes désormais classiques, le nouveau E-3008 dispose d’équipements dernier cri. Citons par exemple le système de freinage automatique d’urgence, avec alerte de risque de collision, qui est capable de détecter les véhicules, piétons et cyclistes, de jour comme de nuit et ce, de 7 à 140 km/h. Le E-3008 reçoit aussi l’alerte active de franchissement involontaire de ligne avec correction de trajectoire ; l’alerte d’inattention du conducteur détectant les troubles de vigilance (analyse des mouvements du véhicule) ; reconnaissance étendue des panneaux de signalisation (en plus de la vitesse : stop, sens interdit, interdiction/fin d’interdiction de dépassement) avec affichage sur le combiné digital ; surveillance d’angle mort à longue portée (jusqu’à 75 mètres) ; contrôle en descente en marche avant ou arrière qui réduit les risques de dérapage ou de perte de contrôle du véhicule en descente à moins de 30 km/h ; contrôle de traction avancé qui permet d’optimiser l’adhérence sur les surfaces glissantes avec 3 sensibilités (neige, boue et sable). Le Peugeot E-3008 peut aussi recevoir en option (1 250 €) le système Drive Assist Plus qui assiste le conducteur en s’appuyant sur l’ensemble des capteurs de la voiture (caméras, radars…) et sur les informations du système de navigation connectée.
Le Peugeot E-3008 en résumé
Le E-3008 fait un bond en avant en termes de style, extérieur comme intérieur, et propose un excellent niveau d’équipement. Très silencieux et agréable à conduire, il inaugure une nouveauté très intéressante : la garantie 8 ans ou 160 000 km qui couvre désormais tous les éléments électriques et mécaniques. Une première pour une marque européenne. Côté tarif, le E-3008 est dans la moyenne. Peugeot a grandement simplifié la gamme et seules deux finitions du E-3008 sont proposées : Allure (44 990 €) et GT (46 990 €). Des prix au-delà de certains concurrents comme la Tesla Model Y, un peu plus grand et plus habitable, mais affiché à partir de 42 990 €. À noter que les deux modèles sont éligibles au bonus écologique de 4 000 €. Ce qui n’est pas le cas d’un autre SUV compact, le Hyundai Ioniq 5 disponible à partir de 46 700 € et équipé d’une petite batterie de 58 kWh. Quant à son futur concurrent, le Renault Scenic E-Tech électrique, il sera disponible à partir de 39 990 € avec un moteur de 170 ch et une batterie de 60 kWh, et annonce une autonomie de seulement 430 km.
Les +
- Ligne innovante
- Qualité de fabrication
- Silence de roulage
- Habitabilité conservée
Les -
- Suspensions fermes sur petites bosses
- Visibilité vers l’arrière
- Volume de coffre juste
(1) Il s’agit de la consommation réelle du moteur, indiquée par l’ordinateur de bord. En effet, la consommation officielle WLTP en cycle mixte est de 16,7 kWh/100 km mais elle tient compte des pertes lors de la recharge.