Morgan Bourven
La fiabilité laisse à désirer
L’enquête sur la fiabilité des marques de petit électroménager (aspirateurs, cafetières, fers à repasser, micro-ondes, robots ménagers) menée auprès des lecteurs de Que Choisir et d’autres magazines consuméristes européens est inquiétante : rares sont les marques capables de durer sans tomber en panne.
C’est la douche froide. Alors que notre enquête de fiabilité sur le gros électroménager (lave-linge, sèche-linge, lave-vaisselle et réfrigérateurs-congélateurs) avait donné des résultats corrects, en septembre dernier, notre nouvelle enquête portant cette fois sur le petit électroménager montre des résultats franchement mauvais. Parmi les marques présentes dans les 6 familles de produits que nous avons étudiés, aucune ne parvient à décrocher un score de fiabilité considéré comme « très bon » (). Les marques dont l’indice est « bon » () représentent moins d’un quart du total. Les trois quarts des marques vont du « moyen » () au « mauvais » ()… C’est peu glorieux.
Tous les appareils ne sont pas à mettre dans le même panier. Ainsi, le bilan est plutôt bon concernant les robots multifonctions : la marque Philips est la seule sur les 7 marques évaluées à être jugée « moyenne », les 6 autres marques se révélant « bonnes ». Les micro-ondes sont aussi considérés comme assez fiables : sur les 25 marques analysées, seule Beko est jugée « mauvaise », tandis que 6 sont considérées comme fiables. Parmi elles, les appareils de marque Ikea côtoient ceux de la marque de Lidl, Silvercrest – preuve que l’on peut faire fiable et peu cher. Silvercrest se hisse d’ailleurs en tête du classement de la fiabilité des fers à repasser, juste devant Calor, et de celui des robots cuiseurs, devant Moulinex et Kenwood. L’enseigne de hard discount devrait peut-être donner sa recette aux autres fabricants…
Les résultats sont mauvais concernant les cafetières à expressos (à capsules ou automatiques). 5 marques sur les 10 évaluées sont jugées « mauvaises » sur le critère de la fiabilité, dont Lavazza et Illy : un tiers des appareils de nos lecteurs ont connu une panne ! Trois marques se distinguent (Delonghi, Magimix, Krups) mais avec seulement un jugement « moyen ». Autres résultats amers : ceux des aspirateurs, qu’ils soient traîneaux ou balais. 5 marques sur les 16 évaluées pour les aspirateurs traîneaux ont un indice de fiabilité « bon », tandis que les autres sont jugées moyennement fiables. Du côté des aspirateurs balais, Dyson et Rowenta ont un indice « bon », alors qu’Electrolux et Bosch sont « moyens ».
La réparation, c’est possible
Cette fiabilité moyenne est problématique sur le plan du pouvoir d’achat, mais aussi de l’écologie. En effet, ces appareils coûtent souvent moins de 200 € : en cas de panne, ils partent donc directement à la poubelle et rejoignent les 16 à 23 kg de déchets électriques que les Français produisent chaque année. Or, il est possible de réparer la plupart des pannes de ces appareils.
Pour les petites réparations, le plus rentable est de faire appel à des structures associatives, comme les Repair’Café (où des bénévoles sont présents pour guider gratuitement les personnes ayant un appareil à réparer) ou le réseau Envie. Ce dernier, qui vient d’ouvrir son 46e magasin à La Rochelle (17), permet d’acheter du matériel rénové et garanti tout en hébergeant des ateliers de remise en état et de réparation, à des tarifs inférieurs à ceux des SAV de la grande distribution.
Pour les réparations plus complexes, ou sur des appareils plus onéreux, les réparateurs indépendants sont aussi une solution. « Nous avons désormais la possibilité de faire des petites réparations correctes, car le prix des pièces détachées a été revu à la baisse par certains fabricants », explique Jean-Pierre Buzy, dépanneur depuis 30 ans à Toulouse (31) et président de l’association StarSAV, qui regroupe une centaine de professionnels agréés par les grandes marques. Au-delà de l’aspect éthique – et marketing – de faciliter la réparation, cet engagement des fabricants d’électroménager est marqué par le pragmatisme : pour conserver un maillage suffisant de stations techniques, auxquelles elles font appel pour les appareils sous garantie, il faut bien leur permettre de survivre.
« Mais pour réparer, encore faut-il savoir que c’est possible, poursuit le professionnel, qui regrette la tendance des consommateurs à se tourner vers des appareils « jetables ». Tout le monde ne peut pas acheter du haut de gamme, mais il faut savoir qu’un aspirateur à 50 € sera difficilement démontable et réparable : à ce prix, c’est une simple coque avec deux éléments imbriqués à l’intérieur. »