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PesticidesL’Union européenne interdit le flufénacet

Cet herbicide avait été classé comme perturbateur endocrinien, fin septembre, par l’Autorité européenne de sécurité des aliments (Efsa). Une fois épandu, il se dégrade en TFA, un PFAS dont on trouve des concentrations élevées dans certaines eaux du robinet.

Clap de fin pour le flufénacet… du moins dans l’Union européenne (UE). Le 12 mars, ses États membres ont définitivement adopté l’interdiction de cet herbicide, principalement utilisé dans les cultures de céréales (blé et orge) et très utilisé en Europe. Il est le neuvième herbicide le plus vendu en France.

Fin novembre déjà, la Commission européenne avait proposé de ne pas renouveler l’autorisation du flufénacet qui expire le 15 juin prochain. Deux mois plus tôt, l’Autorité européenne de sécurité des aliments (Efsa) classait cette substance comme perturbateur endocrinien, susceptible à ce titre d’agir négativement sur le système hormonal. Cette décision ponctuait 11 années d’évaluation du flufénacet pendant lesquelles l’approbation de ce pesticide avait été chaque année prolongée.

Générations Futures, ONG de protection de l’environnement très active sur les enjeux pesticides, souligne dans cette interdiction prochaine une avancée importante mais déplore le délai de 18 mois accordé aux utilisateurs de flufénacet pour écouler leurs stocks.

Un pesticide PFAS

Surtout, Générations Futures appelle à ne pas s’arrêter en chemin. Car le problème du flufénacet n’est pas seulement qu’il est perturbateur endocrinien. Une fois épandu dans les champs, il se dégrade petit à petit en acide trifluoroacétique (TFA), un PFAS. Cet acronyme englobe une vaste famille de composés chimiques, très utilisés dans l’industrie, y compris celle des pesticides. Plus la recherche progresse sur ces composés et plus on leur découvre des effets délétères sur la santé. Ils sont ainsi soupçonnés d’être cancérogènes (foie, reins), perturbateurs endocriniens, de favoriser l’obésité et le diabète, d’affecter la fertilité ou le développement du fœtus, etc. Surtout, ces PFAS ont la particularité d’être très persistants dans l’environnement, d’où leur surnom de polluants éternels.

Si le TFA ne fait sans doute pas partie des PFAS les plus dangereux, il s’accumule en revanche depuis des décennies dans l’environnement, dans les nappes phréatiques notamment. Une étude de Que Choisir, publiée en février, avait relevé des concentrations importantes de TFA dans plusieurs échantillons d’eau du robinet parmi les 30 analysés un peu partout en métropole. D’autres études antérieures tendaient elles aussi à montrer une pollution massive de nos eaux au TFA.

D’autres pesticides PFAS

Malheureusement, l’interdiction du flufénacet dans l’Union européenne ne mettra pas totalement fin à cette pollution de nos eaux au TFA. Ne serait-ce que parce que d’autres pesticides PFAS se dégradent en cette substance, rappelle Générations Futures. L’association cite notamment le flutolanil, un fongicide dont « le vote de l’interdiction est au point mort faute de soutien suffisant des États membres ». Quoi qu’il en soit, c’est l’ensemble des pesticides PFAS que Générations Futures appelle la Commission européenne à interdire.

Fabrice Pouliquen

Fabrice Pouliquen

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