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Personnes âgéesMédicaments sous surveillance

Quelque 400 maisons de retraite vont expérimenter la révision de leur forfait soins et la coordination avec un pharmacien référent. L'objectif est double : éviter les hospitalisations dues au mauvais usage des médicaments et maîtriser les dépenses de santé.

Les effets indésirables des médicaments sont à l'origine de 10 % des hospitalisations (soit un nombre annuel moyen de 1 480 885 journées d'hospitalisation selon l'Agence française de sécurité sanitaire). Les plus de 65 ans, qui consomment davantage de médicaments, constituent de fait une population particulièrement exposée.

Pour diminuer ces chiffres, une expérimentation sera lancée en maison de retraite le 1er octobre prochain. Aujourd'hui, dans celles dépourvues d'une pharmacie à usage intérieur, l'assurance maladie rembourse les médicaments des résidents comme s'ils vivaient à domicile (une dépense évaluée en moyenne à 4,12 euros par jour et par résident). À partir d'octobre, dans les établissements volontaires, une enveloppe « médicaments » sera intégrée au budget soins versé pour la prise en charge de la dépendance ; elle sera basée sur leur consommation de médicaments relevée au premier semestre 2009. Par ailleurs, un pharmacien référent interviendra par établissement. Il sera chargé de vérifier les bonnes prescriptions, de travailler en coordination avec le médecin coordonnateur de l'établissement, les infirmiers, le médecin traitant, de gérer les médicaments non utilisés, etc. Pour ce « nouveau service rendu » il percevra 0,35 euro par jour et par résident (soit 127,75 euros par an et par résident, ce qui donne 10 220 euros pour une structure de 80 lits). Espérons que ses conseils seront plus avisés que ceux délivrés à nos enquêteurs dans 1 379 officines réparties dans 90 départements (Lire notre enquête). À peine 41 % d'entre elles ont mis en garde leur client contre l'association risquée de deux médicaments (de l'aspirine et un anti-inflammatoire) !

Qui, quand, comment ?

Trois cent soixante établissements volontaires seront choisis, en milieu urbain et rural, de statut varié (public, privé, associatif), et de capacités diverses (moins de 60 lits ; plus de 60 lits). En parallèle, un « groupe témoin » de 50 établissements n'appliquant pas ces dispositions sera créé. L'expérience va durer 1 an et son évaluation fera l'objet d'un rapport remis au Parlement en octobre 2010.

Petite précision : la loi de finances 2009 de la Sécurité sociale avait prévu la mise en place de ce dispositif pour 2011, mais face aux craintes des professionnels de voir leurs budgets revus à la baisse, une expérimentation a été décidée. À terme, on attend de celle-ci des bénéfices pour la santé du résident (éviter les abus ou les insuffisances de prescription, éviter aussi les médicaments dont les risques dépassent les bénéfices) et des économies pour l'assurance maladie.

Les accidents dits « iatrogènes »

La réduction des accidents dits « iatrogènes » (liés au traitement) a été considérée comme une priorité lors de la Conférence nationale de santé de juin 1998. Si certains effets indésirables sont inhérents à l'usage normal des médicaments, d'autres sont liés à une utilisation non conforme (sous-dosage, surdosage, association indue de deux médicaments...) et donc évitables. La loi du 9 août 2004 sur la politique de santé publique s'était fixée le même objectif, à l'hôpital comme en ambulatoire, et diverses études ont montré que dans l'ensemble de la population, le nombre d'hospitalisations dues à des effets indésirables de médicaments est de l'ordre de 143 000 par an.

Dès 2004, le CHU de Nice a mené une démarche de prévention en analysant la répartition des médicaments prescrits dans les services de gérontologie (antihypertenseurs, antiarythmiques, anticoagulants et digitaliques...) et en la croisant avec la littérature et des études antérieures sur les effets indésirables liés aux médicaments. Bilan : 8 % étaient considérés comme inappropriés, 52 % indifférents et 40 % à privilégier. Ces données servent depuis de référentiel interne (pour valider les prescriptions destinées au patient âgé) et de lien avec les médecins et pharmaciens libéraux (pour optimiser la continuité des soins au sortir de l'hôpital).

Micaëlla Moran

Micaëlla Moran

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