Marie-Noëlle Delaby
Permis de végétaliserLes règles à respecter
Dépités par le gris des trottoirs, vous avez la main verte et souhaitez user du jasmin et du lilas pour changer tout ça ? Pensez au permis de végétaliser. Dans le sillon d’initiatives d’associations qui ont fleuri un peu partout en France ces dernières années, certaines villes ont créé un permis de végétaliser pour encourager mais aussi encadrer les velléités des citoyens à égayer le bitume. Bordeaux, Grenoble, Le Havre, Marseille, Paris ou encore Strasbourg délivrent désormais des permis assortis de chartes de végétalisation allant même, dans certains cas, jusqu’à proposer des kits de végétalisation à leurs administrés. Petit tour d’horizon de ces permis verts.
Qui peut faire une demande ?
Toute personne physique ou morale (association, copropriétaires…) souhaitant entretenir un espace à proximité de son lieu de résidence ou d’activité.
NB : À Strasbourg, la demande doit obligatoirement être faite par une association dont les statuts ont été enregistrés au tribunal d’instance de la ville.
Comment obtenir son permis ?
La demande peut s’effectuer via un formulaire disponible soit sur le site Internet des mairies, soit en se rendant dans sa mairie de quartier.
Les requêtes font alors l’objet d’une étude de faisabilité par les services techniques de la ville. Une fois les projets validés, vous recevez une autorisation généralement temporaire (ex : 3 ans tacitement reconduits jusqu’à 12 ans à Marseille, 1 an tacitement reconduit jusqu’à 5 ans à Strasbourg). De son côté, le demandeur s’engage à respecter la charte de végétalisation de sa ville, consultable en ligne via les sites des mairies.
NB : À Marseille, en l’absence de réponse à l’issue d’un délai de deux mois, le Visa Vert est considéré comme tacitement accordé par la ville.
Où planter ?
Les villes proposent généralement à leurs administrés de semer ou planter dans des jardinières existantes, au niveau des pieds d’arbres, ou dans des parterres cultivables (fosses). Ces zones doivent idéalement être proches du domicile ou du lieu de travail du demandeur afin de faciliter l’entretien des plantations (arrosage, taille, désherbage) auquel s’engage également le jardinier volontaire.
Que planter ?
Bordeaux et Grenoble ont établi des listes des plantes autorisées. On préférera en toute logique des plantes bien adaptées au climat, idéalement robustes et peu exigeantes. Elles doivent également être de préférence de petit développement afin de ne pas gêner la visibilité de la chaussée et de la signalisation. Enfin, en cas de plantations de comestibles (fruits, légumes, aromates), ils doivent être à la disposition de tous.
Que ne pas planter ?
Les chartes interdisent formellement les cultures à but lucratif, les plantes hallucinogènes, urticantes ou invasives. Les plantes potentiellement allergènes (par exemple les graminées) sont également déconseillées. Par ailleurs, les citoyens sont invités à ne pas utiliser d’engrais chimiques et de pesticides ou d’outils mécaniques bruyants.
Des travaux d’aménagement sont-ils possibles ?
Des travaux de réalisation de parterres (préparation de la fosse de plantation, pose d’un bac, remplissage de terre, pose d’une bordure de protection) peuvent être effectués par certaines mairies. À Bordeaux, mieux vaut anticiper son projet car les interventions ne sont programmées que deux fois par an, en mars et en octobre.
Tout est à la charge du jardinier ?
Ne pouvant être effectués qu’à l’initiative de la ville, les travaux de réalisations de parterres et de pose de bacs sont entièrement pris en charge par celle-ci. Lorsque la végétalisation des façades ou des limites de propriétés est admise, par exemple à Grenoble, les travaux d’installation des dispositifs (treillage, palissage) sont à la charge du propriétaire ou de la copropriété. Un soutien financier de la ville est toutefois possible.
Certaines villes (Bordeaux, Paris) peuvent également fournir les premiers semis ou plants.
Enfin à Paris, les conseillers de la Maison du jardinage (1) délivrent gratuitement des conseils aux aspirants jardiniers.
Et si ma ville n’a pas de charte ?
Vous devez contacter votre mairie pour demander à établir une convention. Sans autorisation, cultiver hors de chez soi peut être considéré comme une privatisation de l’espace public, donnant lieu éventuellement à une destruction des plantations.
Quelques conseils
Dans son guide de végétalisation des rues, l’association marseillaise Passeurs de jardin rappelle quelques règles de bienséance au jardinier de rue afin que le pouvoir des fleurs ne devienne pas un pouvoir de nuisance :
La végétalisation des trottoirs ne doit pas compliquer la vie des piétons et transformer le passage des poussettes et des fauteuils roulants en parcours du combattant.
Les accès pompiers et les locaux à poubelles doivent rester libres.
Elle ne doit pas gêner la visibilité de la signalétique routière (parcmètres, feux tricolores, etc.) et le mobilier urbain (bancs, poubelles, etc.).
Rien n’est plus triste qu’un pot abandonné, dans lequel une plante s’étiole. Si c’est le cas, apportez-lui les soins nécessaires. Si elle est morte, enlevez le pot.
Et n’oubliez pas que, pour survivre en milieu urbain, les plantes ont besoin de vous !
(1) Maison du Jardinage - Pôle ressource Jardinage urbain, 41 rue Paul-Belmondo - Parc de Bercy, 75012 Paris.