Élisabeth Chesnais
Peintures d’intérieurLa classe d’émissions est trompeuse
Notre nouveau test de peintures d’intérieur ne compte que des références affichant la classe d’émissions A+, la moins polluante. Nos analyses révèlent pourtant que certaines contaminent fortement l’air intérieur.
Depuis 2013, les peintures sont classées en fonction de leurs émissions de substances chimiques dans l’air intérieur. L’échelle va de A+ pour les moins polluantes, à C pour celles qui contaminent fortement l’air du domicile.
À l’époque, Que Choisir avait salué l’initiative, mais la réglementation qui la régit est en réalité beaucoup trop laxiste. Nous l’avions déjà dénoncée lors d’un précédent test de peintures en 2016, or la situation ne s’est pas améliorée depuis.
La preuve, c’est que si les analyses réalisées dans le cadre de notre nouveau test de peintures blanches dévoilent que certaines peintures sélectionnées sont non polluantes, d’autres qui portent également la classe A+ sont très émissives en substances chimiques et contaminent fortement l'air intérieur de la pièce repeinte.
Des polluants non pris en compte par la réglementation
Nous avons relevé jusqu’à 5 400 microgrammes de composés organiques volatils (COV) par mètre cube d’air 3 jours après les travaux, et encore 1 900 µg/m3 d’air de COV au bout de 28 jours. Il est absolument scandaleux que des peintures aussi polluantes arborent la classe A+. Il en va de même pour celle qui relargue encore 1 700 µg/m3 d’air de composés organiques semi-volatils, mais ces polluants-là n’existent même pas au regard de la réglementation actuelle sur les émissions des peintures !
Cette classe d’émissions se révèle très trompeuse pour les consommateurs, qui peuvent aussi bien tomber sur une référence non polluante que sur une qui va fortement, voire durablement, dégrader la qualité de leur air intérieur.
C’est la deuxième alerte que lance Que Choisir, il serait temps que les pouvoirs publics renforcent leurs exigences. Des parents pensent sûrement bien faire en achetant une peinture A+ pour la chambre du nouveau-né, alors qu’avec certaines ils la polluent.
Mélanie Marchais
Rédactrice technique