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PêcheLa guerre contre le chalut profond a toujours lieu

Contestation du vote du Parlement européen, nouvelle pétition en ligne… les opposants à la pêche en eaux profondes ne désarment pas.

Alors que le Parlement européen a finalement rejeté le 10 décembre 2013 l’interdiction du chalutage en eaux profondes (tout en prônant une réglementation accrue), les opposants à ce type de pêche ne s’avouent pas vaincus pour autant. Tous les moyens sont bons pour maintenir la pression, y compris la contestation du scrutin. Selon l’association Bloom, plusieurs députés se seraient trompés dans leur vote. « La mise à jour des votes a posteriori fait apparaître qu’au lieu d’être rejetée à 16 voix d’écart, l’interdiction du chalutage profond aurait dû gagner de 13 voix d’avance », déclare l’ONG dans un communiqué. Ce qu’a confirmé, de son coté, à l’AFP le député vert français, Jean-Paul Besset : « plusieurs députés ont informé le bureau du Parlement européen qu’ils s’étaient trompés dans leur vote et qu’ils le modifiaient en faveur de l’interdiction ». Trop tard ! Car au plan juridique, ce nouveau résultat n’a aucune valeur. Bloom a cependant appelé les États membres à en tenir compte. « Ils doivent désormais discuter ce dossier au Conseil des ministres européens de la pêche. Ils devront prendre en compte ce résultat réel même s’il ne peut être changé officiellement », estime Claire Nouvian, la directrice de Bloom.

En attendant, l’ONG entend poursuivre son combat pour « éliminer la méthode de pêche la plus destructrice de l’histoire » en mobilisant l’opinion publique et les consommateurs. Forte du succès de sa première pétition « halte à la destruction des fonds marins », relayée par la bande dessinée de Pénélope Bagieu, Claire Nouvian vient d’en mettre une autre en ligne sur la plateforme Avaaz.  Prenant pour slogan « Intermarché, stop à la pêche au bulldozer », elle y exhorte les PDG de Système U, Auchan, Intermarché et E. Leclerc à « aligner leurs politiques de production sur leurs promesses en termes de protection de l’environnement et de développement durable », à l’instar de Casino et de Carrefour. Sentant le vent tourner, ces deux distributeurs se sont, tout récemment, engagés à arrêter progressivement la commercialisation des espèces des grands fonds. 

24 heures seulement après son lancement, la pétition demandant aux autres enseignes de retirer ces poissons de leurs étals a déjà recueilli plus de 160 000 signatures, selon Avaaz. Là où le bât blesse, c’est que cet appel au boycott ne semble concerner que les espèces de grands fonds capturées dans les eaux communautaires et vendues au rayon frais. Casino et Carrefour n’ont apparemment pas d’états d’âme en ce qui concerne le hoki de Nouvelle-Zélande ou le merlu blanc du Cap vendus sous leur marque en surgelé. De quoi s’interroger sur le bien-fondé d’une pétition qui se focalise sur les 10 000 tonnes de poissons pêchés chaque année au nord de l’Écosse, alors que la pêche profonde dans le monde représente 50 fois plus ! Certes, le hoki néo-zélandais et le merlu blanc du Cap, bien qu’issus du chalutage profond, sont écolabellisés « pêche durable » par le Marine Stewardship Council (MSC). Et le grenadier d’Australie devrait, à son tour, bénéficier prochainement de la précieuse estampille du MSC. Y aurait-il deux poids deux mesures ?

Florence Humbert

Florence Humbert

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