Yves Martin
Toujours plus chers
Pour renflouer les caisses de la SNCF, l’État a trouvé une nouvelle solution : taxer les automobilistes. En effet, une partie de l’augmentation des tarifs des péages autoroutiers est destinée à soutenir le trafic ferroviaire.
« Fâché, peiné, dépité » : c’est par ces mots que Jean-François Roverato, le président de l’ASFA (l’Association des sociétés françaises d’autoroutes), annonce l’augmentation de tarifs qui entrera en vigueur à partir du 1er février. Mais il faut tempérer ces propos, car un chiffre peut en cacher un autre. En fait, sur les 2,24 % supplémentaires, seul 1,92 % entre dans le cadre de l’application des règles fixées par le contrat signé avec l’État. En effet, les 0,32 % restants proviennent de l’entrée en vigueur d’une nouvelle taxe : la taxe d’aménagement du territoire (TAT) 1, qui devra remplir les caisses… de la SNCF. Et si ce montant n’est « que » de 0,32 %, c’est que l’ASFA a réussi à négocier un étalement de la taxe. Ainsi, dès l’année prochaine, une nouvelle majoration de 0,18 %, toujours liée à la TAT, entrera en vigueur afin de porter à 5 % le montant de cette taxe. Un montant fixé par l’article 34 du projet de loi de finances 2011, qui modifie le code général des impôts, et fait passer le tarif de la TAT de 6,86 euros à 7,32 euros pour 1 000 kilomètres parcourus.
35 millions d’euros
Cette augmentation du tarif permettra de dégager pas moins de 35 millions d’euros. Une taxe qui, pour l’État (faut-il le rappeler, propriétaire de la SNCF), semble tout à fait logique et fondée, comme le stipule cet article 34 : « En outre, il paraît légitime que le secteur routier paie la fragilisation que le développement des autoroutes françaises a induite sur l’équilibre des lignes Corail. » En clair, l’automobiliste qui utilise l’autoroute, reconnue comme le réseau le plus sécurisant et le moins accidentogène de France (153 morts en 2010), doit donc mettre la main à la poche pour renflouer les caisses de la SNCF et limiter ses déficits. Ainsi, pour avoir un réseau SNCF en état et des trains qui arrivent à l’heure, il ne reste plus qu’à prendre l’autoroute !
1. La TAT est assise sur le nombre de kilomètres parcourus par les usagers, calculé comme le produit du nombre de trafics enregistrés en gare de péage par les longueurs des trajets parcourus correspondants.