Élisabeth Chesnais
Passoires thermiquesVers une sévère crise du logement
Sortir les passoires énergétiques du parc locatif était un beau projet quand le marché de la construction tournait à plein. Mais depuis qu’il s’est enrayé, les objectifs deviennent intenables, l’offre se tarit et le gouvernement réagit au jour le jour.
Décidément, le gouvernement a bien du mal avec les conséquences de la loi Climat et résilience qui interdit la location des logements classés G dès 2025, et de ceux qui sont en F 3 ans plus tard. Il y a d’abord eu le décret très flou de l’été qui prévoit des exemptions de travaux énergétiques pour certains logements, son objet laissant plutôt croire qu’ils resteraient louables, alors que la loi l’interdit.
Et puis dans la foulée, le ministre du Logement annonce qu’il veut faire passer les appartements de G en F grâce à des travaux « simples » avant 2025. C’est que la crise du logement neuf étant déjà là, diminuer le parc locatif au fil des interdictions qui vont démarrer le 1er janvier 2025 amplifiera fortement la pénurie de logements. Il est plutôt salutaire que le gouvernement en prenne conscience. Encore faut-il que le ministère trouve le moyen de faire passer des appartements de G à F sans l’accord de la copropriété, ce qui ne va pas de soi. De plus, on voit assez mal les bailleurs se lancer dans des travaux pour louer pendant 3 ans sans possibilité d’augmenter le loyer, sachant que le couperet de l’interdiction tombera de toute façon le 1er janvier 2028.
Cocktail inquiétant
Le marché du logement risque de se gripper d’autant plus qu’il subit d’une part la crise du neuf, en raison de la hausse des taux d’emprunt qui freine les acquéreurs, de la fin annoncée des aides fiscales à l’investissement locatif, de la loi sur le zéro artificialisation nette qui décourage la construction, et d’autre part les mesures d’interdiction de louer des passoires énergétiques. Ce cocktail ne peut que réduire le nombre de logements disponibles, alors que les besoins augmentent.