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Particules fines et circulationLe fond de l’air est flou

Une série d’études sur les émissions de particules fines des véhicules éclaire d’un nouveau jour le débat sur la qualité de l’air et propose des mesures à prendre pour l’améliorer. La responsabilité des plaquettes de freins pourrait être importante en la matière. 

Après la polémique sur la responsabilité des feux de cheminées et du trafic automobile dans les émissions de particules fines en région parisienne, plusieurs travaux ont été rendus publics ces dernières semaines, apportant quelques éléments surprenants.

Une étude de l'Observatoire de la qualité de l'air en Île-de-France sortie en janvier précise notamment que 41 % des particules fines émises par le trafic routier proviendraient, non pas des moteurs, mais de l’abrasion des pneus, des plaquettes de freins et des routes. Les freins seraient responsables à eux seul de 20 % des émissions. Ils dégageraient jusqu’à 30 mg/km de particules en ville, alors que la norme euro6 impose des rejets maximum de 5 mg/km de particules pour un moteur Diesel et de 4,5 mg/km pour un moteur essence…

De son côté, le cabinet Transport & Mobility, émanation de l’université belge de Louvain, est arrivé à la conclusion qu’une voiture électrique émettrait à peine moins de particules qu’une voiture thermique. Ses travaux, publiés en novembre 2014, suggèrent que la voiture électrique, plus lourde, abrase davantage ses freins et ses pneumatiques qu’un modèle thermique, en cycle urbain. « Si l’on se concentre uniquement sur la production de particules fines, cela a peu de sens d’investir beaucoup d’argent dans la réalisation d’une voiture électrique », relève le chercheur Bruno Van Zeebroeck, cité par le quotidien flamand De Standaard.

Des chercheurs sont également revenus sur les données recueillies lors des pics de pollution de mars 2014, au cours desquels plusieurs agglomérations avaient dépassé les seuils d’alerte. Avec le recul, il apparaît que des zones éloignées du trafic des grands centres urbains ont elles aussi atteint des concentrations de particules fines importantes en mars 2014. C’est ce que montrent, entre autres, les relevés du site instrumental de recherche par télédétection atmosphérique (Sirta) de l’institut Pierre Simon Laplace de Palaiseau (91). D’où viennent donc ces particules ? La question a été abordée lors du séminaire scientifique Primequal, « Agriculture et pollution atmosphérique », qui s’est tenu à Paris en juillet 2014. Il semble bien que l’agriculture et la forêt émettent des quantités importantes de particules, de protoxyde d’azote et de nitrate d’ammonium, qu’on retrouve partout, villes comprises.

Régulièrement évoquée, l’interdiction du diesel dans les grands centres urbains n’apparaît pas exactement sous le même aspect, au regard de ces différentes études. Si elles sont confirmées, il se pourrait qu’un travail sur les freins des véhicules soit aussi pertinent, si l’objectif est d’améliorer la qualité de l’air. L’Agence américaine de protection de l’environnement, les États de Washington, Californie, New-York, Rhode Island, Oregon et Hawaï ainsi que les représentants de l’industrie automobile américaine ont signé le 21 janvier 2015 un accord visant à modifier les plaquettes de freins pour réduire la toxicité de leurs particules, notamment en réduisant la proportion de cuivre d’ici 2020. De son côté, une PME française, Tallano Technologie, a présenté l’an dernier un aspirateur à particules de plaquettes de freins, dont le coût ne dépasserait pas une centaine d’euros par véhicule.

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