Boris Cassel
Les couacs de la revente de billets
Les billets pour les épreuves des Jeux olympiques sont électroniques et nominatifs. La revente entre particuliers est organisée par Paris 2024. Prix imposés, billets revendus plus cher que sur la billetterie officielle en raison de frais exorbitants, indisponibilité des fonds pendant 45 jours… Les critiques fusent.
Soucis de santé, problèmes de transport, incompatibilités d’agenda… Bloqués par des imprévus de dernière minute ou simplement par manque d’envie, des milliers de Français et d’étrangers tentent de revendre leurs billets pour des épreuves des Jeux olympiques. Et, comme indiqué dans les conditions générales de vente de Paris 2024, ils ne disposent que d’une seule option légale pour céder leurs billets numériques et nominatifs : la plateforme officielle de revente.
Mais, lancé au printemps 2024, ce site impose des règles très strictes pas vraiment bien accueillies par les détenteurs de billets. Première d’entre elles : vendeurs et acheteurs ne peuvent pas s’entendre eux-mêmes sur les prix, même à la baisse. Les places sont toutes échangées à leur valeur d’origine. Objectif avancé initialement par Paris 2024 : éviter la spéculation sur les places les plus recherchées (sessions à médailles, sports très courus comme le judo, l’athlétisme, etc.). Le hic, comme le note Laurent, un entrepreneur « fan des JO, déjà allé à ceux de Sydney et de Londres », qui cherche à se délester de plusieurs tickets : « Il n’est pas possible de les brader pour s’en débarrasser. »
Frais et commissions
Autre grief, la plateforme applique des frais de 5 % au vendeur et de 10 % à l’acheteur. Autrement dit, lors de l’échange d’une place à 100 €, le vendeur récupère 95 € quand l’acheteur doit débourser 110 €. « J’ai acheté 690 € des billets pour une session de natation à laquelle je ne pourrai assister. Lors de l’achat, on m’avait déjà pris 1,5 % de frais. Là, c’est de nouveau 5 % à la revente. J’ai donc payé presque 45 € de frais ! », s’agace Laurent.
220 € sur le site de revente contre 203 € sur la billetterie pour un ticket équivalent
Ironie de l’histoire, le niveau des commissions est tel que, pour une même place, la plateforme de revente entre particuliers se retrouve beaucoup plus chère que la billetterie officielle. Exemple avec cette session d’athlétisme prévue le vendredi 2 août au Stade de France. Paris 2024 dispose toujours de places de catégorie A à vendre sur sa billetterie. Dans le même temps, des particuliers tentent de céder leurs tickets sur la plateforme de revente. À l’heure où nous écrivons ces lignes, il faut débourser 203 € sur la billetterie pour assister à cette compétition, mais la facture grimpe à 220 € sur la plateforme de revente !
Lorsque les épreuves ne sont pas complètes, les particuliers ont donc assez peu de chances de trouver preneur. Un cas isolé ? Loin de là. Souvenons-nous que lors de l’ouverture de la billetterie des JO, début 2023, les organisateurs de Paris 2024 avaient mis en place un système un peu particulier. Pour avoir le droit d’acheter des places, il fallait d’abord être tiré au sort. Ensuite, il n’était pas possible d’acheter des places pour un seul sport. Il fallait obligatoirement faire l’acquisition d’un package composé d’au moins trois disciplines différentes. Certains ont donc complété leur pack avec des places qu’ils ne désiraient pas, en se disant qu’ils arriveraient à les revendre plus tard. Voilà comment Laurent et ses proches – qui ont tout de même acheté au total 76 billets ! – se sont retrouvés à acheter une vingtaine de places dans des disciplines qu’ils n’apprécient pas particulièrement. Aujourd’hui, ce système de packs n’existe plus et les places se vendent à l’unité.
Transfert de billet
Dernière critique portée par les revendeurs de billets : après une vente, les fonds ne leur sont pas tout de suite restitués. « Paris 2024 nous indique qu’ils nous reverseront l’argent dans un délai maximum de 45 jours ouvrés. Ça fait quand même plus de 6 semaines… », s’étonne Laurent.
De facto, les ventes de billets se font de plus en plus de la main à la main, sans passer par la plateforme de revente. Interdite, cette pratique est rendue possible par l’existence d’un bouton « transférer mon billet » dans l’application qui les héberge. Normalement, ce transfert de billet est gratuit. L’idée de départ était d’offrir aux spectateurs empêchés la possibilité de donner leurs tickets à un proche. Mais cette option est largement contournée pour la revente de gré à gré. Contacté, Paris 2024 n’a pas donné suite à nos demandes de précisions.