Boris Cassel
OuigoAlertes sur la propreté et la sécurité
Plusieurs syndicats de la SNCF ont déposé un préavis de grève ce week-end pour protester contre le modèle low cost des Ouigo. L’entreprise est notamment accusée de faire circuler des rames tellement sales qu’elles en attirent des insectes nuisibles. La sécurité des voyageurs serait même mise en cause sur certains de ces trains.
Difficile de ne pas (re) connaître les TGV Ouigo. Lancés en 2013, les trains de la branche low cost de la SNCF se démarquent par leur couleur bleue et des prix bien souvent largement inférieurs à ceux des TGV Inoui. Ils se distinguent aussi par leur fonctionnement : absence de première classe, rangées de trois sièges dans certaines voitures, billets non remboursables, facturation du choix de la place, pas de service de restauration… La formule a visiblement trouvé son public. La SNCF compte augmenter l’offre de Ouigo, en ajoutant dans les prochains mois 12 rames aux 38 déjà en circulation. « L’arrivée de ces rames permettra d’atteindre 33 millions de clients annuels à l’horizon 2027, soit 10 millions de plus qu’en 2023 », explique la société sur son site.
Le hic, c’est que, selon les syndicats de l’entreprise, qui ont déposé un préavis de grève pour ce week-end, ce modèle « basé sur une rentabilité à outrance impose de ne jamais arrêter les rames la journée et de faire leur maintenance de nuit ». Un modèle qui aurait « atteint ses limites » : la direction de l’entreprise ferait « rouler les rames jusqu’à la rupture ». Selon les syndicats, l’hygiène s’en ressent. « Certains trains partent le matin avec les toilettes déjà pleines, de la nourriture sur les moquettes et les fauteuils ; des conditions idéales pour faire proliférer les insectes nuisibles », écrit Sud Rail, dans un tract. Des cafards ont en effet été retrouvés ces derniers mois dans certaines rames Ouigo. « Les conditions d’hygiène parfois très limites, accentuant le sentiment de rouler avec des rames sales, délaissées, ne répondent pas aux attentes légitimes des voyageurs. Par ailleurs, les collègues sont confrontés à de trop nombreuses pannes sur les voitures », poursuit Sud Rail.
Essieux en piteux état
Des pannes susceptibles d’avoir un impact sur la sécurité des voyageurs ? Ce n’est pas ce qu’avance Sud Rail. En revanche, dans un autre tract, la CGT cheminots Montparnasse, elle, tire la sonnette d’alarme, évoquant un incident qui serait survenu fin novembre. Ce syndicat assure qu’un TGV Ouigo circulait alors « avec des essieux en piteux état » et que « la circulation du train était dangereuse, le risque de déraillement élevé », ajoutant qu’une « catastrophe ferroviaire a vraisemblablement été évitée ». Une accusation très lourde, que l’on réfute à la direction de SNCF Voyageurs. « La sécurité des voyageurs et des agents est une priorité absolue chez Ouigo comme pour tous les trains de SNCF Voyageurs. Jamais aucun risque n’a été ou n’est pris en la matière », souligne un porte-parole. Et de poursuivre : « Les rames Ouigo bénéficient d’un important renouvellement (le plus important depuis son lancement en 2013), qui commence à se déployer dès ce début d’année, avec une flotte à la fois plus grande et plus moderne. »
Nouvelle hausse des tarifs à la SNCF
L’entreprise ferroviaire vient de communiquer sur l’augmentation annuelle des tarifs de ses trains à grande vitesse Inoui et Ouigo pour l’année 2025. Selon les déclarations de représentants de l’entreprise, rapportées par la presse nationale, l’augmentation moyenne serait de 1,5 % en 2025. Rappelons, au passage, que le concept de prix moyen à la SNCF est à prendre avec des pincettes tant l’entreprise s’appuie sur le « yield management », qui consiste à faire varier fortement les prix sur un même trajet en fonction de différents critères comme le taux de remplissage du train. Mais, toujours selon la SNCF, les prix minimums auxquels les billets sont proposés ne bougent pas. Les prix maximums devraient, eux, être relevés de 1 à 7 €, en fonction des destinations. Les conditions de la carte Avantage n’évoluent pas. En ce qui concerne les trains Intercités, subventionnés par l’État, la hausse atteindrait les 1,9 %.