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OstéoporoseDes fractures en cascade après l’arrêt du Prolia

Indiqué en traitement de l’ostéoporose, le Prolia (dénosumab) fait l’objet de lourds soupçons. Des fractures vertébrales multiples se produisent dans les mois suivant l’arrêt du traitement. Un effet indésirable qui peine à se faire reconnaître.

Une injection tous les six mois et une santé osseuse au beau fixe. C’était la promesse du Prolia (dénosumab) lors de sa mise sur le marché en 2010. Cette biothérapie est censée remettre l’ossature d’aplomb. Huit ans plus tard, les femmes souffrant d’ostéoporose déchantent. Et la communauté médicale avec elles.

L’anticorps monoclonal est accusé de provoquer une complication pour le moins paradoxale : des fractures vertébrales multiples, dans l’année suivant la fin du traitement. Une blessure dont on ne guérit pas, et responsable de douleurs au long cours, quand elle ne cause pas des limitations fonctionnelles.

Cette découverte n’améliore guère le profil de ce médicament, qui laissait déjà à désirer. Le Prolia provoque de nombreux effets indésirables sérieux (ostéonécrose de la mâchoire, fractures atypiques du fémur, infection…) pour une efficacité modeste. C’est pour cette raison que certains experts en déconseillent l’usage.

Un effet rebond

La survenue de ces fractures vertébrales est connue au moins depuis 2015. Récemment, une équipe du Centre hospitalier universitaire vaudois (CHUV), à Lausanne (Suisse), a enfoncé le clou en détaillant les cas de 35 patients helvètes, dont le dos s’est fracturé après l’arrêt de ce traitement. Cette étude a été présentée lors du congrès annuel de l’American Society for Bone and Mineral Research (ASBMR), qui se tenait du 28 septembre au 1er octobre.

La situation de ces victimes est loin d’être isolée. En Suisse, environ 115 personnes ont connu les mêmes incidents. Toutes avaient pris du dénosumab à plusieurs reprises, avaient interrompu leur traitement… et ont souffert de plusieurs fractures vertébrales – 4 en moyenne. Certaines victimes sont jeunes (47 ans), d’autres plus âgées (84 ans).

Mais aux yeux des scientifiques suisses, cela ne fait aucun doute : un effet rebond est à craindre. Ce phénomène a été identifié dès 2008, sans faire l’objet de recherches supplémentaires, soulignent les Suisses. Concrètement, la densité minérale osseuse chute et les os se remodèlent en moins d’un an. Cela signifie que l’arrêt du traitement provoquerait une réapparition rapide des symptômes qui ont nécessité le traitement… Dans certains cas, ils sont même aggravés.

« Cet effet rebond est associé à des fractures vertébrales cliniques spontanées chez 1 à 10 % des patients », chiffre l’étude présentée à ce congrès. Pour l’heure, la France ne recense que 11 cas depuis la mise sur le marché du Prolia. Rien d’étonnant à cela : le risque de fractures à l’arrêt n’est même pas mentionné sur la notice…

Ailleurs, des consommateurs mieux informés

Ce silence est d’autant plus surprenant que de nombreux autres pays ont fait évoluer leur documentation. La Suisse a montré l’exemple, en septembre 2017, en imposant une telle modification. Australie, Japon, Canada ou encore États-Unis… au total, 6 autres pays ont pris la même décision.

Mais au sein de l’Union européenne, les autorités sanitaires se sont montrées plus tatillonnes, exigeant de nombreuses précisions et explications au laboratoire… sans faire appel aux analyses extérieures. L’Agence européenne du médicament (EMA) a rejeté en juin dernier la demande d’Amgen, déposée fin 2016. Le fabricant du dénosumab souhaitait modifier la notice afin d’indiquer ce risque.

Aux yeux de l’EMA, les données ne sont pas suffisantes pour permettre ce type d’évolution. De son côté, la France a tout de même lancé une enquête nationale, « afin d’établir l’existence ou non d’un lien de causalité » entre l’arrêt du Prolia et la survenue de fractures vertébrales multiples. Les résultats sont attendus à l’automne.

Arrêt du Prolia et fractures : votre expérience

Vous avez pris du Prolia (dénosumab), un médicament contre l’ostéoporose et vous l’avez arrêté. Positif ou négatif, votre témoignage nous intéresse dans le cadre d’un futur sujet dans Que Choisir Santé.

Audrey Vaugrente

Audrey Vaugrente

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