Marie-Noëlle Delaby
Œufs de cailleUn mode de production peu reluisant
Mets festif apprécié des gourmets, les œufs de caille, si petits soient-ils, n’en cachent pas moins de grosses zones d’ombre concernant les conditions d’élevage des volatiles et l’information du consommateur.
Avec un poids plume de 350 g et des œufs de 10 à 20 g, la caille est-elle si petite qu’on en oublierait de penser à son bien-être ? C’est du moins ce que suggère une enquête de l’association CIWF qui, durant l’hiver 2015-2016, s’est rendue dans plusieurs élevages de cailles en Europe. Selon cette association de défense des animaux, 90 % des cailles pondeuses passent leur vie entassées dans des cages avec une surface individuelle équivalente à la taille d’un CD.
Poules aux œufs d’or
Pourtant, depuis 2012, une loi européenne interdit l’usage de cages dites « conventionnelles » pour les poules pondeuses, au profit de cages « aménagées » avec perchoir et grattoir pour répondre un minimum aux instincts des gallinacés. Mais cette législation ne s’applique pas aux cailles pondeuses. Pas plus qu’il n’existe de limitation du nombre de volatiles par cage : ces dernières sont généralement conçues pour accueillir une trentaine de cailles chacune.
En France, deuxième pays producteur européen derrière l’Espagne, quelques élevages font l’effort de proposer des parcours en plein air afin que les oiseaux puissent adopter leur comportement naturel (se cacher pour pondre, prendre des bains de poussière, picorer). Mais il reste difficile pour le consommateur de connaître les conditions de production des œufs qu’il consomme. En effet, il n’existe pas de marquage obligatoire selon le mode d’élevage comme pour les œufs de poule (de 0 à 3, 0 correspondant aux œufs bio et 3 aux œufs de batterie).
Les cailles à viande Label rouge mieux loties
La situation de leurs congénères à viande n’est guère plus enviable en élevage standard. Certes, dans l’Hexagone, l’élevage des cailles à viande s’effectue généralement au sol, sans cage, ce qui limite les blessures car « en cas de peur, la caille tente de s’envoler brièvement et se heurte fréquemment la tête aux parois », précise le CIWF. Mais la concentration peut y atteindre 90 à 100 oiseaux par mètre carré, « soit l’équivalent en surface d’un sous-verre par animal », précise l’association. Seul le Label rouge s’avère plus exigeant en termes de respect du bien-être animal, imposant une densité maximale de 62,5 cailles par mètre carré, soit environ 25 kg/m2, exigence identique à celle des élevages de poulets ou de pintades Label rouge. Les cailles y bénéficient également d’un accès à l’extérieur à partir du 30e jour qui permet de diminuer de moitié la densité pour les 12 derniers jours, avant l’abattage qui survient à partir de 42 jours, contre une trentaine de jours en élevage conventionnel.
Malheureusement, ce label n’existe pas pour les cailles pondeuses.
Pour rappel, en France, 400 000 cailles pondeuses sont élevées chaque année pour produire 83 millions d’œufs, tandis que 38 millions de cailles sont élevées pour leur viande.