Elsa Abdoun
Bjorg l’efface discrètement…
Alors qu’une version plus sévère du Nutri-Score vient d’être adoptée, Bjorg fait disparaître ce logo de ses emballages. La première défection d’une longue liste ?
Moins tolérante avec le sucre et le sel, plus exigeante concernant les fibres et les protéines… la nouvelle version du Nutri-Score, qui sera progressivement adoptée à partir du 1er janvier, devrait provoquer une dégringolade dans les notes de nombreux produits. De quoi faire réfléchir les industriels qui, jusqu’à présent, l’affichaient volontairement. Parmi ceux-là : Bjorg.
D’après nos calculs, la moitié des biscuits commercialisés sous cette marque se seraient vu noter E, dès 2024, et un tiers de ses boissons végétales seraient tombées de A ou B à D ou E. La plupart des consommateurs n’en sauront rien, cependant, car le groupe Ecotone, qui commercialise cette marque, a trouvé la parade : supprimer cet indicateur de ses emballages avant que le couperet ne tombe.
Le logo est déjà absent de plusieurs boîtes de biscuits en rayon, et Ecotone nous confirme qu’il aura bientôt disparu de la totalité des produits Bjorg. Il y sera remplacé par le Planet-Score, un indicateur de durabilité environnementale récemment développé par l’ITAB (Institut technique de l’agriculture biologique) et promu par diverses associations (parmi lesquelles l’UFC-Que Choisir). « Notre priorité de sensibilisation est de montrer au consommateur les enjeux environnementaux de son alimentation », justifie-t-on chez Ecotone.
Impossible, d’après le groupe, de faire figurer à la fois le Nutri-Score et le Planet-Score sur les emballages : « l’affichage de deux “scoring” ou plus sur un pack devient inutile car illisible : les consommateurs s’y perdraient », nous écrit-on. La multiplication des labels, et son impact sur la compréhension des consommateurs, est une question sérieusement étudiée par les spécialistes du domaine. Mais on notera que ce souci n’empêche pas Bjorg de mêler, sur ses paquets, allégations de santé, drapeaux français, certifications en tout genre et même – c’est un record ! – trois formats différents de labels bio. Il semble donc que seul le Nutri-Score soit de trop…
La substitution de ce dernier par le Planet-Score, qui reprend le même format d’échelle à cinq couleurs, apparaît en tout cas très avantageuse pour la marque. Car non seulement cela rend la disparition du Nutri-Score quasiment invisible, mais cela permet aussi de conserver de rassurantes couleurs vertes en face avant de ses emballages : « 99 % de notre portefeuille est en A ou B », nous indique Ecotone.
Avec toujours plus d’indicateurs différents disponibles, mais toujours aucun qui soit obligatoire, les services marketing ont de beaux jours devant eux !
Léa Girard
Rédactrice technique