Cyril Brosset
Fixe ou mobile, même tarif
Souvent pointés du doigt, les services à valeur ajoutée (SVA), plus connus sous le nom de numéros « spéciaux » ou « surtaxés », cherchent à se refaire une virginité. Si l’uniformisation des tarifs selon que l’appel est passé d’un fixe ou d’un mobile est une vraie bonne nouvelle et la mise en place d’une nouvelle signalétique va dans le bon sens, tout est loin d’être réglé.
Les numéros spéciaux n’ont pas bonne presse. Qu’il s’agisse des numéros à 10 chiffres commençant par 08, des numéros à 4 chiffres commençant par 10 ou 3 ou des annuaires téléphoniques débutant par 118, ils font tous l’objet de nombreuses critiques : des prix parfois excessifs, une tarification opaque, des difficultés pour s’y retrouver entre les numéros payants et les numéros gratuits, sans parler de leur utilisation abusive par des escrocs en tous genres.
Pour changer cette image, SVA+, l’instance qui veille au respect de la déontologie des utilisateurs de ces numéros, a pris des mesures entrées en vigueur depuis le 1er octobre.
Fixe ou mobile, le même prix pour tous
Le principal changement se situe au niveau du mode de tarification, avec la distinction claire entre la partie « appel », facturée par l’opérateur, et la partie « service », reversée à l’éditeur et aux prestataires techniques. À cela vient s’ajouter le fait que le prix d’un appel vers un numéro spécial sera désormais le même qu’il soit passé d’un téléphone fixe ou d’un mobile. Jusque-là, certains appels censés être gratuits étaient décomptés du forfait lorsqu’ils étaient passés depuis un mobile et d’autres étaient facturés hors forfait, en plus du prix du service. Fini, donc, cet imbroglio auquel personne ne comprenait rien. Désormais, tout le monde paiera la même chose et la mention « Surcoût éventuel selon opérateur », particulièrement floue, va disparaître.
Des tarifs plus identifiables
Outre la tarification, les numéros spéciaux adoptent une nouvelle signalétique. Finis les numéros verts, azur ou indigo, désormais, trois couleurs s’appliquent en fonction du prix de l’appel et du service :
- En vert, les numéros 100 % gratuits pour l’utilisateur (appel et service). C’est le cas des numéros 0800 à 0805.
- En gris, les numéros pour lesquels le service est gratuit, mais où l’opérateur fait payer le coût de la communication au même titre que n’importe quel autre appel. Il pourra donc être décompté du forfait. Sont concernés les numéros commençant par 0806, 0807, 0808 ou 0809 et les numéros courts commençant par 30 ou 31.
- En violet, les numéros dont à la fois l’appel et le service sont payants. Ce sont ceux commençant par 081 lorsque le service est facturé moins de 0,06 €/min ou de 0,15 €/appel, par 082 lorsque le service est facturé moins de 0,20 €/min ou 0,50 €/appel, ou les 089 qui, eux, peuvent être facturés jusqu’à 0,80 €/min ou 3 € par appel. Sont également concernés certains numéros courts commençant par 1 ou 3. Ici, la partie « appel » est désormais décomptée des forfaits.
Ces cartouches de couleur ne concernent évidemment que les publications écrites. Dans les spots radio, les mentions tarifaires seront diffusées oralement et à la télé, elles pourront défiler au bas de l’écran. Le tarif devra aussi être indiqué après le numéro dans les SMS ou les tweets.
Augmentation des prix à prévoir
Si la réforme améliore la présentation et la tarification de ces numéros, elle modifie aussi les niveaux de reversements, c’est-à-dire la part que touche chaque maillon de la chaîne (éditeurs, prestataires techniques, opérateurs…) sur les revenus générés. Au final, les éditeurs pourraient toucher un peu moins sur chaque appel. Résultat : certains pourraient être tentés de revoir leurs tarifs à la hausse. Sur son site Internet, l’association SVA+ elle-même met en garde contre le risque qu’un « grand nombre d’éditeurs » n’hésitent pas à augmenter le prix facturé aux utilisateurs pour conserver le même niveau de rémunération finale. En plus, les éditeurs auront désormais la possibilité de modifier leurs tarifs chaque début de mois. Les consommateurs pourraient s’y perdre, même si le tarif devra toujours être indiqué au début de chaque appel et le client pourra mettre fin à l’annonce en appuyant sur la touche « # ».
Transparence, clarté, simplicité… si la réforme va dans le sens du consommateur, elle entend surtout redorer un peu l’image de ces services qui font depuis longtemps l’objet d’une certaine défiance. Ces cinq dernières années, les revenus générés par ces services ont baissé de près de 12 % (source Arcep).