Marie-Noëlle Delaby
Niveau d’hygiène des établissements alimentairesQuestions-réponses sur Alim’confiance
Depuis le 3 avril, le ministère de l’Agriculture met à disposition des consommateurs le site et l’application gratuite Alim'confiance, qui rendent publics les résultats des contrôles sanitaires effectués tout au long de la chaîne alimentaire. Si l’opération de transparence est louable, le site donne pour l’heure très peu d’informations. Et trouver l’établissement de son choix revient vite à chercher une épine dans une botte de foin.
Dans le but d’améliorer la confiance du consommateur, la loi d’Avenir pour l’agriculture prévoyait la transparence des contrôles des DDPP (Directions départementales de la protection des populations) dès octobre 2014. Malgré les réticences des acteurs du secteur – dont beaucoup se sont émus des conséquences d’une mauvaise note sur leur commerce – le projet a finalement abouti à un décret d’application en décembre 2016 et à l’ouverture du site Alim’confiance (1) le 3 avril 2017.
Si les établissements n’auront pas l’obligation d’afficher les résultats de leurs inspections, libre à chacun désormais de consulter les résultats en ligne.
Le ministère de l’Agriculture argue du fait que « dans tous les pays où la mesure a déjà été mise en place, elle s’est toujours accompagnée d’une amélioration du niveau sanitaire des établissements ». En Europe, une telle mesure existe déjà dans 9 pays (Royaume-Uni, Pays-Bas, Belgique, Irlande, Danemark, Finlande, Lituanie, Luxembourg, Norvège) et 2 projettent de la mettre en place (Allemagne, Suède). Le dispositif existe aussi aux États-Unis, au Canada ou encore en Chine.
Quels établissements sont concernés ?
Tous les établissements en lien avec l’alimentation, soit : les restaurants commerciaux, les cantines et les commerces de détail (métiers de bouche, restaurants, supermarchés, marchés, vente à la ferme, etc.). Mais aussi les abattoirs et les ateliers de production et de transformation des denrées animales ou végétales.
Environ un million d'établissements sont donc potentiellement concernés par le système d'évaluation, qui se targue de communiquer sur « tous les établissements de la chaîne alimentaire ». Mais en réalité, on ne devrait voir qu'environ 60 000 établissements recensés sur le site, soit le nombre de contrôles officiels effectués annuellement par les DDPP.
Comment trouver un établissement ?
Restaurants, métiers de bouche et supermarchés
Pour les restaurants (commerciaux ou collectifs), les métiers de bouche (boucherie, poissonnerie...) et les supermarchés, les données sont présentées sur une carte interactive de la France. Le site permet également de cibler sa recherche par catégorie d’établissement (ou par type de rayon pour les supermarchés) ou encore en tapant directement l’adresse ou le nom de l’établissement recherché.
En pratique
Le 4 avril au matin, très peu de données étaient disponibles. En effet, seules les vérifications menées depuis le mois dernier – à compter du 1er mars – sont publiées. Ainsi, 472 des 175 000 restaurants sont actuellement référencés sur le site, dont 194 à Paris (soit 1 % des 18 000 restaurants). En Alsace, ce nombre chute à 7 sur l’ensemble des deux départements.
Du côté des métiers de bouche, les résultats sont encore plus clairsemés : pour l’heure, on dénombre seulement 16 traiteurs sur l’ensemble du territoire et à peine 10 poissonneries et 8 boulangeries-pâtisseries.
On notera toutefois que ces chiffres devraient en toute logique augmenter au fil des jours (une vingtaine d’établissements ayant déjà été ajoutée au fil de cette première journée).
Établissements agroalimentaires
Pour les établissements agroalimentaires (abattoir, atelier de transformation par exemple), il faut se rendre sur l’onglet « Recherche des établissements agroalimentaires » et saisir le nom de l’enseigne, ou bien son numéro d’agrément qui est indiqué sur l’étiquette du produit alimentaire.
En pratique
Nous avons effectué des recherches d'établissements agroalimentaires et plus précisément d'abattoirs en nous basant sur la liste officielle de ces établissements (2). Sur les 32 abattoirs de boucherie d’ongulés (hors volailles et gibiers) listés en région Bretagne, seul le niveau d’hygiène de 3 établissements, tous jugés très satisfaisants, est consultable.
Enfin, on peut regretter qu’il ne soit pas possible d’effectuer une recherche par niveau d’hygiène (voir ci-dessous).
Quelles sont les données disponibles ?
Les données affichées seront le nom de l’établissement, la date de la dernière inspection et le niveau d’hygiène. Il existe 4 niveaux représentés par des pictogrammes (voir ci-dessous), soit un smiley plus ou moins souriant accompagné des mentions « Très satisfaisant », « Satisfaisant », « À améliorer » ou « À corriger de manière urgente ». Seul le niveau le plus bas, qui correspond à des établissements jugés susceptibles de mettre en danger la santé du consommateur, peut entraîner une action immédiate : fermeture administrative avec retrait ou suspension de l'agrément sanitaire.
Lorsque des actions correctives sont décidées (mentions « À améliorer » ou « À corriger de manière urgente »), les services de la Direction départementale de la protection des populations opèrent systématiquement un nouveau contrôle à l’issue du délai imparti à l’opérateur (immédiat ou jusqu’à plusieurs mois selon les travaux nécessaires et la gravité de la situation) pour s’assurer de la correction des anomalies.
Pour les abattoirs, l’avis rendu sera également basé sur le respect des normes en matière de protection des animaux.
Les résultats des contrôles seront disponibles pendant une période d’un an après la date de réalisation du contrôle. En revanche, les rapports complets des contrôles ne sont pas rendus publics.