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NitritesYuka condamnée pour dénigrement des charcutiers

L’application pour smartphone Yuka, qui attribue des notes de qualité nutritionnelle aux produits alimentaires, a été condamnée trois fois, depuis mai, pour « pratiques commerciales trompeuses » et « dénigrement » des charcuteries contenant des nitrites, qu’elle présentait comme à « risque élevé » pour la santé. L’entreprise va faire appel.

La rentrée aura été difficile pour Yuka. L’entreprise éditrice de la célèbre application de notation des produits alimentaires a été condamnée à deux reprises, lundi 13 septembre par le tribunal de commerce d’Aix-en-Provence (13) et vendredi 24 septembre par celui de Brive (19), pour « pratiques commerciales déloyales » et « trompeuses » et pour « dénigrement » des charcuteries commercialisées respectivement par les entreprises A.B.C. et Le Mont de La Coste. Des condamnations qui s’ajoutent à un jugement similaire, rendu en mai dernier suite à la plainte de la Fédération française des industriels charcutiers traiteurs (FICT).

Au cœur de chacune de ces affaires : les sels nitrités, des additifs présents dans de nombreuses charcuteries (souvent présentés sous des noms de code allant de E249 à E252, ou sous les termes « nitrite de » ou « nitrate de »), et dont la présence dans la viande est suspectée de favoriser l’apparition du cancer colorectal.

« Risque élevé » versus « sans danger »

Jusqu’à récemment, lorsqu’un consommateur scannait avec l’application Yuka un produit contenant ces additifs, l’appréciation « risque élevé » ainsi qu’un lien vers une pétition appelant à les interdire apparaissaient sur le téléphone. Une présentation qui, selon le tribunal de commerce d’Aix-en-Provence, manquait « d’impartialité et de sens de la mesure » face à « l’importante littérature scientifique contradictoire et rassurante ». Et le jugement de citer l’Autorité européenne de sécurité des aliments (Efsa) qui écrivait, en 2017, « les nitrates et les nitrites ajoutés aux aliments aux niveaux autorisés sont sans danger ».

Yuka se voit donc à présent interdire de faire figurer un lien vers sa pétition et les termes « risque élevé » et « cancérogène » dans toutes ses publications censées évaluer la qualité nutritionnelle de produits contenant des charcuteries nitrées. « Cette décision pose une vraie question sur la liberté d’expression et la liberté d’information des consommateurs », a réagi l’entreprise dans un communiqué, « puisqu’il a notamment été demandé à Yuka de supprimer de l’application toute mention précisant que les nitrites seraient cancérogènes, et ceci malgré l’avis de l’OMS » qui « a classé la charcuterie comme cancérogène certain et les nitrites/nitrates ingérés comme cancérogènes probables ».

Vers une interdiction ?

L’entreprise devra de plus faire figurer, sur ses publications concernant les sels nitrités, une citation de l’avis rassurant de l’Efsa. Cela malgré les régulières mises en cause de la fiabilité des avis de cette agence ‒ que ce soit à propos du bisphénol A, du glyphosate ou encore du formaldéhyde.

La bataille judiciaire est cependant loin d’être terminée : Yuka va faire appel de ces trois condamnations. Et il n’est pas impossible que d’autres procès soient en cours, impliquant d’autres entreprises charcutières… car l’enjeu est énorme pour la filière. Face à la montée des soupçons ‒ réels et sérieux ‒ concernant la cancérogénicité de ces additifs, des élus ont déposé, en décembre dernier, une proposition de loi interdisant les additifs nitrés dès 2023 dans les salaisons (jambon cru, saucisson…), et à partir de 2025 dans les charcuteries cuites.

Quels produits sont concernés ?

Quand on parle charcuterie, on pense souvent saucisson et jambon. Mais il ne faut pas oublier, aussi, les saucisses, rillettes, confits, pâtés, lardons, andouilles… Toutes les viandes transformées sont des charcuteries, et peuvent contenir des sels nitrités. Attention, si ces derniers ne figurent pas sur l’étiquette, vérifiez quand même qu’ils n’ont pas été simplement remplacés par une association de légumes (céleri, notamment) et de ferments. Un tel mélange représente une source naturelle de nitrates, qui fait certes un meilleur effet sur l’étiquette… mais ne change rien au problème.

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