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MounjaroUn traitement de l’obésité plus efficace en pharmacie ?

Le tirzépatide (Mounjaro) fait son arrivée dans les pharmacies françaises. Ce traitement de l’obésité est disponible depuis le 13 novembre, mais n’est pas remboursé pour le moment.

Un nouveau traitement de l’obésité est distribué en pharmacie : le tirzépatide (Mounjaro). Comme ses prédécesseurs, le liraglutide (Saxenda) et le sémaglutide (Wegovy), il n’est pas pris en charge par la collectivité. Les patients devront donc payer ce médicament – dont le coût est de 200 à 300 € – par leurs propres moyens. Mais le mode d’action de ce nouvel arrivant diffère des autres « agonistes du GLP-1 », nom donné à ce groupe de médicaments.

D’abord utilisés dans le diabète de type 2, ces médicaments injectables ont aussi un intérêt en cas de forte surcharge pondérale. En effet, le GLP-1 (glucagon-like peptide 1) est une hormone qui augmente la sensation de satiété, permettant ainsi une réduction de la prise alimentaire, donc une perte de poids. Le tirzépatide agit sur ce GLP-1 mais pas seulement : c’est aussi un agoniste du GIP (glucose dependent insulinotropic polypeptide), une autre hormone qui stimule la sécrétion d’insuline et ayant un effet sur l’appétit. La combinaison de ces deux actions entraînerait une meilleure efficacité du traitement.

En pratique, ce bénéfice supplémentaire est incertain. Pour 90 % des patients, le tirzépatide permet de perdre au moins 5 % du poids de départ, en moyenne de 15 à 20 % selon le dosage. Il améliore aussi plusieurs facteurs pouvant mener à l’apparition de maladies associées (excès de cholestérol, résistance à l’insuline, hypertension). Mais comparé au sémaglutide, le tirzépatide ne fait mieux que chez les personnes souffrant à la fois d’obésité et de diabète.

Un traitement de deuxième intention

Les effets indésirables, eux, sont comparables à ceux des autres agonistes du GLP-1, et ont entraîné un fort taux d’arrêt des traitements lors des essais cliniques. Avec le tirzépatide, ils sont plus courants : jusqu’à 73 % des patients ont souffert de troubles gastro-intestinaux lors des essais cliniques (nausées, vomissements, diarrhées), et des cas de pancréatites et d’insuffisance hépatique ont été signalés.

S’ils ne sont pas remboursés, ces médicaments font tout de même l’objet d’une surveillance attentive des autorités sanitaires, qui ont constaté des détournements d’usage avant même leur autorisation dans l’indication obésité. L’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) a donc rappelé, le 13 novembre, que le traitement par agoniste du GLP-1 ne peut être démarré que par un médecin spécialiste en endocrinologie-diabétologie ou formé à la nutrition. Elle demande également aux médecins de respecter le parcours de soins recommandé. Dans ce cadre, les médicaments sont à envisager si les modifications de l’hygiène de vie (suivi nutritionnel, régime hypocalorique, activité physique régulière) n’ont pas suffi à perdre au moins 5 % du poids de départ dans les 6 mois.

Une perte musculaire importante

Les nouveaux médicaments contre l’obésité, comme le sémaglutide (Wegovy) ou le tirzépatide (Mounjaro), permettent d’obtenir des pertes de poids importantes, rapides et jusque-là atteignables seulement par la chirurgie. Mais les muscles en sont les victimes collatérales. Lors d’un régime amaigrissant, il est généralement admis que 25 % des kilos perdus sont de la masse maigre (c’est-à-dire du muscle, mais aussi des tissus et des fluides). Avec le sémaglutide, cette perte monte à 40 %. C’est problématique à plusieurs niveaux, notamment parce que le muscle est un allié du métabolisme. Même au repos, il brûle plus d’énergie que les tissus graisseux. En théorie, ces médicaments ne sont autorisés qu’en « complément […] d’une augmentation de l’activité physique ». Mais de la théorie à la pratique, il peut y avoir de grands écarts. L’industrie pharmaceutique, jamais en manque d’idées pour gagner de l’argent, développe précisément en ce moment des médicaments… à prendre en complément des anti-obésité pour préserver ses muscles.


Perrine Vennetier

Audrey Vaugrente

Audrey Vaugrente

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