Fabienne Maleysson
Molécules toxiques dans les cosmétiquesBruxelles tombe sur la tête
La présence d’ingrédients indésirables dans les produits cosmétiques est devenue un enjeu majeur de sécurité sanitaire. Et pourtant, la Commission européenne envisage sérieusement d’interdire l’affichage de l’absence de ces ingrédients. Explications.
C’est une drôle de réglementation qui est en train de se préparer à Bruxelles. Le groupe de travail sur les allégations concernant les produits cosmétiques pourrait interdire certaines mentions « sans… [tel ingrédient] », qu’il assimilerait à une pratique anti-concurrentielle. Concrètement, la mention « sans parabènes », par exemple, pourrait disparaître des emballages, car elle serait considérée comme dénigrant les fabricants utilisant ces conservateurs. Cette interdiction se baserait sur le principe totalement illusoire selon lequel tous les ingrédients autorisés dans les cosmétiques sont totalement sûrs : mentionner leur absence ne serait donc qu’un moyen illégitime de se prévaloir d’une supériorité imaginaire. En réalité, on sait bien que de nombreux ingrédients autorisés sont loin d’être au-dessus de tout soupçon.
Exemple frappant : la méthylisothiazolinone (MIT), si allergisante que les dermatologues ne cessent de mettre en garde contre son utilisation. Certes, les mentions « sans » ne doivent pas endormir la méfiance : par exemple, certains produits se vantent d’être « sans parabènes » alors qu’ils contiennent de la MIT. Mais elles n’en constituent pas moins une information utile qui permet au consommateur de sélectionner plus aisément les produits exempts des composés qu’il souhaite éviter.
Les industriels de l’alimentaire ont-ils interdiction d’étiqueter « sans sel », « sans graisses saturées », « sans huile de palme », « sans OGM » ? Non. Personne ne les accuse de dénigrer leurs concurrents. On mesure ainsi la puissance du lobby de la chimie.