Yves Martin
Mercedes Classe S (2021)Premières impressions
Le fleuron de Mercedes inaugure de nouvelles technologies et aides à la conduite que l’on devrait trouver prochainement sur des modèles de gammes inférieures. La nouvelle Classe S, forcément élitiste, est très agréable à conduire et offre un confort exemplaire. Dommage qu’il faille attendre fin 2021 pour disposer d’une version hybride rechargeable.
La Mercedes Classe S est la plus vendue des routières de luxe et a toujours fait la part belle aux nouvelles technologies et aux solutions destinées à se démocratiser. Pour preuve, elle avait inauguré l’ABS en 1978, l’airbag en 1981, l’ESP en 1995 ou encore le régulateur de vitesse adaptatif en 1998, des équipements désormais disponibles dans toutes les catégories de voitures, y compris les citadines. Cette septième génération de la Classe S ne déroge pas à la règle et propose par exemple des airbags frontaux pour les passagers arrière, des caméras de surveillance du conducteur et un assistant vocal performant (bien que perfectible).
Qualité de vie à bord
En entrant à bord de la nouvelle Classe S, on note immédiatement les progrès réalisés en matière d’intégration. La planche de bord est minimaliste et plus aucun bouton ne dépasse. L’intérieur est très bien réalisé et les matériaux utilisés sont de très bonne qualité. Nous avons toutefois relevé un défaut dû à l’emplacement en hauteur des grilles d’aération et, surtout, à leur conception en métal. Ces dernières se reflètent dans le pare-brise, ce qui peut s’avérer gênant dans certains cas. Même constat avec les aérateurs latéraux qui se reflètent dans les vitres au niveau des rétroviseurs extérieurs.
En s’installant à bord, nous avions un peu d’appréhension sur l’ergonomie vu la quantité de systèmes embarqués et, déjà, le volant nous paraissait un peu complexe. Mais heureusement, à l’usage il s’est révélé pratique et facile à gérer. La plupart des commandes sont tactiles et agréables à utiliser : celles du côté droit gèrent l’écran central et celles de gauche modifient l’affichage du combiné d’instruments. C’est assez intuitif.
Devant le conducteur, le combiné d'instruments, entièrement numérique, réserve plusieurs nouveautés.
- L'affichage 3D en son centre offre une vision de la carte de navigation d'un très grand réalisme.
- Deux caméras filment en permanence le conducteur. Une technologie qui permet de gérer le système de surveillance de vigilance et avertit le conducteur par un message vocal au moindre signe de fatigue ou de déconcentration.
- Une caméra détecte la position du regard et sait ainsi si le conducteur tourne la tête. Dès lors, au moment de régler les rétroviseurs, il devient inutile de sélectionner celui sur lequel on veut agir : il suffit de regarder dans sa direction et d'agir sur les boutons. La tête vers la droite et les commandes modifient la position du rétro droit. En tournant la tête de l'autre côté, c'est le rétro gauche qui bouge.
- Les caméras permettent de modifier en temps réel l’angle de l’affichage central en fonction du regard du conducteur. Il dispose ainsi d’une excellente visibilité.
Pour le reste des commandes, tout est géré via le large écran central à affichage Oled. Très lisible et simple d’utilisation, il offre une belle qualité d’image quel que soit l’ensoleillement. Là encore, l’ergonomie est au rendez-vous et, par exemple, les réglages des sièges sont particulièrement précis grâce au curseur que l'on déplace avec le doigt. Cela permet de trouver la position idéale en un rien de temps.
Le système d’assistance vocale Hey Mercedes progresse sensiblement et réagit désormais aux demandes formulées indirectement. Par exemple, plus besoin de dire « augmenter la température à 23 degrés » : un simple « j’ai froid » suffit pour qu’automatiquement la température soit relevée d’un degré.
Autre innovation, le système reconnaît désormais l'emplacement de la personne qui parle. Ainsi, si c’est le conducteur qui annonce qu'il a froid, seule la température de son côté sera augmentée. Nous avons toutefois mis le système en défaut lorsque nous avons demandé la fermeture du toit ouvrant. Certainement à cause du bruit ambiant, notre demande n’a jamais été exécutée et il nous a fallu agir sur le bouton de fermeture du toit. Le constructeur avance pourtant que « les entrées vocales sont débarrassées des bruits ambiants avant d'être transmises ».
À l’avant comme à l’arrière, l’espace est important et la sensation de volume excellente. Les longs voyages seront donc réalisés sans contrainte et dans un grand confort. À noter que la Classe S est disponible en version limousine, qui mesure 11 cm de plus en longueur et offre une meilleure habitabilité à l’arrière grâce à son empattement allongé.
Au volant
Au moment de sa commercialisation, la nouvelle Classe S ne sera proposée qu’avec des moteurs diesel. Il s’agit d’un bloc 6 cylindres en ligne, de 3 litres de cylindrée, décliné en deux puissances de 286 ch (350d) et 330 ch (400d). Dans ce dernier cas, la voiture sera livrée en version à quatre roues motrices 4Matic. Il faudra attendre la fin de l’année pour voir arriver la version hybride rechargeable. Nous avons pris le volant des deux diesel. Autant le dire tout de suite, vu que la voiture n’a pas vocation à chercher la performance pure, la différence entre les deux blocs est assez minime en conduite sur route et autoroute. On apprécie toutefois les quatre roues motrices sur routes sinueuses et les 44 ch supplémentaires de la 400d qui permettent de meilleures relances. Côté consommation, les deux versions se valent et nous avons relevé 6,5 litres aux 100 km pour la petite motorisation et 7 litres pour la grande. Deux valeurs plus que raisonnables qui permettent de contenir le coût à l’usage. Nous avons aussi apprécié le niveau de filtration des vibrations et du bruit.
Sur la route, la Classe S ne déçoit pas. Le confort est d'un très bon niveau grâce à des suspensions pneumatiques efficaces et réactives. Il est possible de choisir entre plusieurs modes de conduite selon que l'on souhaite plus ou moins de fermeté. Le confort est accentué par la présence de sièges dynamiques à l’avant dont les côtés se gonflent automatiquement d'un côté ou de l'autre dans les virages pour assurer un maintien latéral optimal.
Nous avons apprécié le système d’affichage tête haute qui projette une image qui se trouve virtuellement à une distance de 10 mètres devant le conducteur. On obtient ainsi une surface d'affichage qui correspond à un écran d'une diagonale de 77 pouces. Cela permet de disposer devant soi d’un maximum d’informations. Mais s’il est très appréciable sur route et autoroute, ce dispositif est parfois dérangeant en ville car la lecture peut être perturbée par la voiture située devant.
Vu les dimensions de cette routière, il sera judicieux d'opter pour l'option des 4 roues directrices (1 600 €). Selon les versions, les roues arrière se braqueront de 4,5° (avec l’option pneus plus larges à l’arrière) ou de 10° (version normale). Dans ce dernier cas, la Classe S affiche un diamètre de braquage d'à peine plus de 10 mètres. C'est moins que celui de la compacte du constructeur, la Classe A, qui approche les 11 mètres. Les manœuvres sont alors grandement facilitées et la voiture devient aussi maniable qu’une compacte. Mais attention tout de même à ne pas être trop optimiste et à bien surveiller les quatre angles de la voiture. Pour cela il est d’ailleurs possible d'afficher une vision « vue du ciel » de la Classe S.
Sécurité
La structure de caisse de la nouvelle Classe S a été totalement revue et offre un niveau de protection élevé. Différents types de matériaux (acier, plastique, aluminium) sont utilisés afin d’assurer des déformations programmées en cas de choc pour protéger au mieux les occupants. En termes de sécurité passive, le nombre d’airbags prend de l’importance avec l’apparition d’airbags frontaux pour les passagers arrière et d’un airbag médian qui se déploie entre le conducteur et le passager avant en cas de choc latéral afin de réduire le risque d'entrechoquement des têtes. En cas de risque imminent de choc latéral, la carrosserie peut être soulevée en quelques dixièmes de seconde grâce à ses suspensions pneumatiques, malheureusement ce système E-Active Body Control n’est pas encore disponible en France car les modèles hexagonaux ne reçoivent pas, pour le moment, d’alimentation en 48 volts.
La Mercedes Classe S en résumé
La nouvelle Classe S inaugure de nombreuses nouvelles solutions techniques. Destinée aux gros rouleurs, elle permet de réaliser des trajets au long cours dans un excellent confort et offre un très haut niveau de sécurité. Côté tarifs, il faudra désormais débourser un peu plus de 100 000 € pour se l’offrir : 100 600 € exactement pour une Classe S 35d Executive en carrosserie berline. C’est à peine moins qu’une BMW 730d xDrive proposée à partir de 100 750 € ou qu’une Audi A8 55 TFSI (101 810 €). La Lexus LS, disponible à partir de 99 990 €, est à peine moins chère. Mais si les tarifs sont en corrélation avec le standing de la voiture, il faudra bien faire attention au choix des options qui font rapidement gonfler la facture.
Les +
- Équipement de sécurité
- Qualité de fabrication
- Habitabilité
- Confort
- Agrément d’utilisation
Les -
- Assistant vocal perfectible
- Reflets dans les vitres et le pare-brise
- Pas encore d’hybride rechargeable