Yves Martin
Mercedes Classe A (2018)Premières impressions
Mercedes continue de surprendre avec sa Classe A. Après le changement radical de style en 2012, c’est au tour de l’info-divertissement de bousculer les codes. La compacte, qui adopte de nouvelles mécaniques, voit aussi son prix grimper.
En 2012, la Mercedes Classe A avait surpris en abandonnant son air de monospace pour devenir une berline compacte. Aujourd’hui, c’est l’intérieur du véhicule qui prend le relais. C’est même une première pour un constructeur que de proposer des nouvelles technologies sur une « petite » voiture. Habituellement, les innovations – forcément coûteuses – sont d’abord inaugurées sur les voitures haut de gamme. Mercedes a pourtant choisi de dévoiler son tout nouveau système MBUX (Mercedes-Benz User Experience) sur la Classe A. Un dispositif haute technologie qui fait de cette compacte une voiture réellement interactive.
Qualité de vie à bord
Même s’ils sont visibles à l’extérieur, les changements de la Classe A se remarquent surtout à l’intérieur avec l’adoption d’un nouvel habitacle et, surtout, d’un gigantesque écran numérique qui occupe quasiment la moitié de la planche de bord. Certes, on connaissait déjà les combinés d’instruments numériques proposés depuis quelque temps sur les Peugeot 3008 et 5008, Renault Espace et Scenic ou les dernières Volkswagen Golf et Polo. Mais ici, le champ des possibles s’en retrouve décuplé. Le conducteur peut en effet personnaliser à souhait l’affichage sur chaque écran : celui du combiné d’instruments (forme des compteurs, informations entre les cadrans et/ou à l’intérieur des compteurs, remplacement des cadrans par la carte de navigation, modification des couleurs….) mais aussi l’écran central tactile (de 7 ou 10 pouces selon la finition) dédié aux systèmes multimédia et navigation (mode d’affichage, stations de radio, réglages du chauffage et de la climatisation, navigation….). Il est également possible de mémoriser plusieurs profils et de retrouver sa configuration lorsque la voiture est utilisée par plusieurs conducteurs.
Le plus surprenant est le dispositif MBUX, qui fait appel à l’intelligence artificielle. Le système anticipe en effet les besoins et les souhaits de l’utilisateur. Par exemple, si ce dernier appelle régulièrement sa mère le mardi soir en rentrant de son travail, le numéro de téléphone de cette dernière s’affichera sur l’écran parmi les suggestions, ce jour-là. Même principe si le conducteur écoute les infos sur une station précise à une heure précise : il recevra aussi cette proposition en priorité.
Le MBUX possède également une commande vocale ultraperfectionnée. La voiture devient alors véritablement communicante, au sens propre du terme, et on peut lui demander de réaliser certaines opérations après l’avoir « activé » en prononçant « Mercedes », « Hé Mercedes » ou « Dis Mercedes » avant d’énoncer l’instruction souhaitée : « Règle la température à 22 °C » ; « Mets la radio, station France Inter » ou de demander un guidage vers une adresse. Sans peur du ridicule, nous avons fait plusieurs requêtes, par exemple pour fermer le pare-soleil de toit et modifier l’adresse de destination, et ces commandes ont été exécutées avec succès. Au-delà de l’efficacité, nous avons apprécié le fait qu’il ne faille appuyer sur aucun bouton pour activer le dispositif et qu’il fonctionne sans apprentissage de mots clés ni expressions spécifiques.
Cette simplicité d’utilisation contraste un peu avec les autres commandes, qui sont assez nombreuses. Si les commandes au volant sont bien identifiées, leur quantité demande un peu de temps pour se les approprier. Lors de notre courte prise en main, nous n’avons en effet pas réussi à maîtriser tous les menus, et avons parfois commis quelques bourdes en essayant de modifier certains paramètres. Il est donc nécessaire de prendre du temps pour se familiariser avec. À noter que l’écran central tactile peut également être géré via le « pad » qui vient prendre la place du levier de vitesses.
Pour le reste, l’habitacle est bien réalisé, avec des matériaux de qualité, bien ajustés, pour un résultat très convaincant. Certes, la forme des aérateurs ne fera pas l’unanimité, non plus que le décochement de la planche de bord côté passager dont l’intérêt ne nous a pas sauté aux yeux. L’habitabilité progresse cependant par rapport à l’ancienne version, et les passagers voyageront dans de très bonnes conditions. En revanche, la troisième place arrière ne nous a pas paru très confortable. L’accès aux places arrière est plus pratique qu’avec la version précédente, grâce à une ouverture plus adaptée. Enfin, le coffre plus généreux dispose désormais d’un volume de chargement de 370 litres (contre 341 auparavant).
Au volant
Nous avons conduit deux nouveaux moteurs proposés au lancement de la Classe A : un diesel de 116 ch sur l’A 180D et un essence de 163 ch sur l’A 200. Tous deux sont issus de la collaboration avec le groupe Renault-Nissan : le premier est en fait le 1.5 dCi qui reçoit un catalyseur SCR (donc avec additif AdBlue) et le second, le 1.4 turbo, inaugure le système de désactivation des cylindres lors des faibles sollicitations. Les deux blocs étaient associés à une boîte de vitesses automatique à double embrayage à 7 rapports (7G-DCT). À noter que, compte tenu de l’implantation du « pad » à la place du levier de vitesses, tout laisse à penser que la Classe A ne pourra pas recevoir de boîte de vitesses manuelle.
À l’usage, les deux blocs se sont montrés agréables, même si la mécanique essence nous a un peu déçus au regard de sa puissance : elle aurait mérité plus de tonus. Avec 163 ch, nous nous attentions en effet à plus de réactivité, mais cela est peut-être dû à la boîte de vitesses qui manque légèrement de réactivité en conduite dynamique. Rien de rédhibitoire toutefois : en usage quotidien, le duo offre un grand confort d’utilisation. Côté consommation, si le diesel n’a avalé, selon l’ordinateur de bord, que 5,7 l/100 km en moyenne, l’essence en demandera 2 litres de plus.
Sur les routes sinueuses, nous avons apprécié le comportement de la voiture, dynamique et confortable. Un moment de roulage qui nous a aussi permis d’apprécier l’amortissement adaptatif (en option) et la possibilité de choisir entre un mode d’amortissement confortable ou sportif. Nous avons aussi été convaincus par le système de navigation qui utilise une technologie de réalité augmentée (une option à 300 €). Grâce à elle, à l’approche d’une intersection ou d’un rond-point, la partie gauche de l’écran de navigation laisse place à une image réelle (filmée par la caméra de la voiture) et au moment d’effectuer la manœuvre, des flèches de couleur indiquent la route à prendre. Une aide précieuse ! Seul bémol : la main du conducteur peut cacher une partie de cet écran et rendre invisible certaines indications. Pratique sur route, cette fonction s’est avérée très intéressante en ville où les manœuvres sont plus fréquentes.
Sécurité
Avec un tel niveau d’équipement et d’aides à la conduite, la Mercedes Classe A devient certainement la plus sûre de son segment. Il faut dire qu’elle reçoit un système de conduite semi-autonome en lien avec la cartographie qui permet, par exemple, d’anticiper et d’adapter automatiquement la vitesse à l’approche d’un rond-point ou d’un virage serré. Elle est aussi dotée d’un freinage d’urgence actif, le système Pre-Safe, qui détecte tout risque de télescopage et peut agir sur les freins afin d’éviter l’impact et limiter les risques de blessure.
La Mercedes Classe A en résumé
La nouvelle Classe A gagne en habitabilité et reçoit un véritable arsenal technologique, aussi bien en ce qui concerne les équipements de sécurité que d’aide la conduite ou de confort. Des solutions innovantes et uniques sur le segment qui ont logiquement un impact sur le budget. Lorsqu’on aborde le sujet des tarifs, Mercedes fait un peu un tour de passe-passe… En effet, si la Classe A est plus chère sur le papier que l’ancienne génération (350 à 1 400 € de plus en moyenne), le constructeur avance qu’elle possède l’équivalent de 2 550 à 4 250 € d’équipements supplémentaires. Donc, même s’il faut payer plus, la nouvelle Classe A serait en fait moins chère !
Côté concurrence, elle prend véritablement l’ascendant sur les autres compactes premium comme les BMW Série 1 et Audi A3. Mais ces modèles sont nettement moins bien équipés et il est donc difficile de les comparer en termes de tarifs. Reste que ces deux voitures doivent être renouvelées d’ici un an : ce sera alors le moment d’une véritable comparaison.
Les +
- Qualité de fabrication
- Niveau d’équipement
- Système MBUX
- Confort
- Motorisations
Les –
- Temps d’apprentissage des commandes
- Tarif