Anne-Sophie Stamane
MédicamentsToujours le même bilan
Pour traiter les ulcères ou les problèmes de reflux, les médecins prescrivent le plus souvent des médicaments de marque. Les génériques sont pourtant aussi efficaces, et aussi bien tolérés, rappelle la Haute Autorité de santé (HAS). Ils sont également beaucoup moins coûteux pour la Sécu.
Il y a 2 ans, l'UFC-Que Choisir démontrait, en s'appuyant sur une étude inédite, que la prescription irrationnelle des toutes nouvelles molécules antiulcéreuses plombait les comptes de l'assurance maladie. Le gâchis était estimé à 303 millions d'euros pour la période 2002-2006. Une aberration, alors même que les médicaments plus anciens, parfois « génériqués », sont aussi efficaces. L'Assurance maladie, de son côté, avait déjà soulevé le problème en 2006. Finalement, la Haute Autorité de santé (HAS), dont le rôle est d'émettre des recommandations aux médecins, a entendu le message. Dans une fiche sur le bon usage du médicament publiée le 16 juin dernier, elle confirme qu'il n'y a « pas de différence d'efficacité et de tolérance » entre les différents produits disponibles.
Influence de l'industrie
Cette prise de position est la bienvenue, alors que de nombreux médecins, sous l'influence de l'industrie pharmaceutique, persistent à préférer les médicaments de marque, notamment l'Inexium, le dernier-né du laboratoire AstraZeneca. L'enjeu est pourtant loin d'être anodin. D'abord parce que cette classe de médicaments, dits « inhibiteurs de la pompe à protons », indiqués pour traiter ulcères et reflux, est une des plus prisées en France : elle représente à elle seule un volume de plus de 16 millions de prescriptions par an, en hausse de 4,9 % en 2007. Ensuite parce que la différence de coût entre un générique et un médicament de marque peut aller du simple au double. Si on rapproche ces deux données, le calcul est vite fait : tout le monde, patients comme Assurance maladie, gagnerait à ce que les habitudes de prescription se modifient radicalement.
La cerise sur le gâteau serait que, dans la foulée, les médecins prennent aussi l'habitude de donner ces médicaments à bon escient. Car c'est le second constat de la HAS : certains patients prennent des antiulcéreux alors qu'ils n'en ont pas besoin.