Jean-Paul Geai
Suspensions immédiates
Est-ce l’effet « Mediator », interdit pour avoir causé la mort de 500 à 2 000 personnes ? D’autres médicaments, dont certains prescrits aux diabétiques (Actos et Competact), se retrouvent suspendus du marché par l’Agence du médicament.
Sur décision de l’Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps), les médicaments contenant de la pioglitazone (Actos et Competact) sont suspendus. Selon une étude de la Caisse nationale de l’assurance maladie des travailleurs salariés (Cnamt) menée à la demande de l’Afssaps, ces médicaments prescrits aux diabétiques sont soupçonnés d’accroître les risques de cancer de la vessie. Selon les données de pharmacovigilance transmises spontanément par des médecins à l’Afssaps, 47 cas de cancers de la vessie auraient été recensés en France chez des patients sous traitement avec ces médicaments.
Ces médicaments avaient été autorisés dans le cadre d’une procédure européenne centralisée, Actos (pioglitazone) en 2000 et Competact (association de pioglitazone et de metformine) en 2006, et indiqués en deuxième intention de traitement contre le diabète, après échec ou intolérance à la metformine dans le contrôle de la glycémie chez les patients diabétiques. Environ 230 000 patients sont traités en France par cette molécule. L’Afssaps leur recommande de ne pas arrêter leur traitement et de consulter leur médecin afin de l’adapter.
Va également être retiré du marché, sur décision de l’Afssaps, le Nizoral (molécule kétoconazole) par voie orale. Commercialisé en France depuis 1982 sous forme de comprimés de 200 mg, ce médicament des laboratoires Janssen-Cilag (Johnson & Johnson) contre les infections dues à des champignons aurait des « effets toxiques sur le foie, plus sévères et plus fréquents » que d’autres traitements antifongiques. En attendant les conclusions de la réévaluation du rapport bénéfice/risque du Nizoral comme antifongique, en cours au niveau européen, l’Afssaps recommande aux patients traités par ce médicament de consulter leur médecin. L’utilisation de gel ou crème à base de kétoconazole reste possible, étant donné le très faible passage dans la circulation sanguine et l’absence de signalements de toxicité hépatique par voie locale.